Bryan Ardis et les dégâts du Remdesivir / Grand Jury - Jour 3
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Q SCOOP – E. Macron : « Ils ont bien interdit aux médecins de prescrire des traitements aux malades. »
Quand nous vous disions qu'ils avaient empêché les médecins de prescrire afin de soigner simplement les gens voici la preuve relevée sur le site de l'ordre des pharmaciens, les preuves s
Klaus Schwab & Hunter Biden Connected To Ukraine Bio-Labs – Watch
Who would have guessed these characters would be involved?
« Des soldats ukrainiens s’attaquent aux enfants russophones » - Christelle Néant et Michel Collon
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Trudeau a demandé à l'armée canadienne d'entraîner des milices nazies AZOV en Ukraine et il ose traiter ... View More
Le Canada a formé des éléments d’un régiment ukrainien lié à l’extrême droite | Guerre en Ukraine
Les FAC n’ont jamais donné quelque formation que ce soit aux membres d'Azov, maintient la Défense nationale.
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Ce que lui même est un d'eux, il défend l'Ukraine car il défend les BioLabs qui créent de l'adrenochrome à force de torturer nos enfants, le salopard !, ce sont les militaires nazis qui tuent les civiles Ukrainiens, Macron et tous les élites du G7 font partie, en fait ils font partie de la maudite c... View More
LE LIVE DU 13/04/2022 THE STORM !!! LA FIN DU FILM !!!! REVELATION SUR LA FRAUDE !!!
PLUS QUE JAMAIS NOUS AVONS BESOINS DE VOUS !!! POUR SOUTENIR AH2020 SUR CE SITE : https://www.ah2020.org/donations/faire-un-don/ paypal.me/LALLIANCEHUMAINE2020 ADHESION AH2020 https://www.ah2020.org/
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Nos journalistes doivent être jugés pour complicité de meurtres.
Silvano Trotta Officiel
Ça y est ! Les médias Australiens, enfin, abordent le problème des Myocardites liées aux vaccins qui affectent le milieu sportif professionnel et la population !!! Et nos médias c'est pour q
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Personne ne pourra nier
STREET Reporters
Liste sourcée de plus de 1600 sportifs tombés malade ou décédés soudainement 2021/22 qui ont été rapporté dans les journaux et médias en ligne.
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Q INFOS – Voici le Cursus du Professeur Jean-Bernard FOURTILLAN.
Aux Dictateur Politique Français et a leurs sbires écervelés a la solde de celui-ci, qui détienne illégalement le professeur et sans savoir ce que vous faite!! Votre futur sera décidé en foncti
Q SCOOP – A. Faucy a conseillé le gouvernement Français avec JF. Delfraissy.
Incroyable : Donc le Conseil scientifique, qui est censé conseiller le gouvernement français, prend ses instructions auprès d'Anthony Fauci, alors chef de la cellule de crise américaine sur l
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The Economist, un phare de l’Establishment néolibéral, vient bizarrement de tirer contre son propre camp en qualifiant la France macronienne, un autre phare de l’Establishment néolibéral, de « démocratie défaillante ». Selon le Parisien, lui aussi un phare de l’Establishment néolibéral (on a décidément les phares qu’on mérite !) : « La France a perdu des points en raison des « restrictions de la liberté de déplacement » au travers de « plusieurs confinements et des couvre-feux nationaux ». Le Parisien se console en notant que la Corée du nord (l’épouvantail des épouvantails !) arrive tout de même assez loin derrière nous…
Je me suis demandé, par habitude, pourquoi The Economist s’en prenait soudainement à Macron.
1. S’agit-il d’un avertissement de l’Establishment néolibéral, à savoir la petite clique des propriétaires des entreprises les mieux cotées en Bourse, qui tient à son image de camp de la liberté comme en témoigne la référence à la Corée du Nord ?
2. S’agit-il d’un règlement de compte entre puissants dont la France ne serait qu’une victime collatéral ?
3. Ou s’agit-il de détourner l’attention de défaillances beaucoup plus graves ?
Olivier Passet du site économique Xerfi-canal, souligne, en effet, que l’Etat français lui-même est en pleine déliquescence. Si l’Etat macronien est parvenu à assurer la stabilité économique en distribuant le fameux argent magique qu’il n’avait pas, il a, selon lui, complètement échoué à produire ou commander, puis à répartir ou distribuer ce qui était nécessaire pour pallier aux conséquences de la destruction des services de santé de ces 40 dernières années. Comme dit Passet, Macron s’est emparé « du mot « guerre », sans jamais être capable d’instaurer la mobilisation d’exception correspondante ».
Soigner les gens n’est évidemment même pas venu à l’esprit des technocrates des cabinets de conseil privés, que Macron paie à prix d’or pour nous nudger, le nouveau mot pour manipuler. Quant à investir pour l’avenir, ce qui est tout de même le rôle d’un Etat, il ne faut pas y compter.
Nous ; les ex-usagers des services publics, on le sait depuis longtemps, que plus rien ne fonctionne en France, hors les impôts et la police. L’austérité à tout emporté. Les administrations n’ont plus de de personnel, elles ne répondent plus, ne reçoivent plus, elles ne font plus que gérer tant bien que mal les affaires courantes avec beaucoup de retard. Pendant l’épidémie, la moitié du personnel encore en poste (et qui ne risquait pas de le perdre) a déserté, j’en ai eu des échos de tous les côtés, ce qui explique que tout s’est complètement arrêté : plus de commandes, plus de livraisons, plus rien. Notez que beaucoup de ces déserteurs ont tout de même touché la prime Covid…
Mais je fais sans doute trop d’honneur à The Economist en cherchant une logique derrière un de ces erratiques coups médiatiques (buzz en bon franglais) qui ont remplacé l’information dans les médias officiels
La joie mauvaise
En fin de compte et à ma grande surprise, le sentiment le plus profond que ce déclassement de la France macronienne a provoqué chez moi, c’est une sorte de joie mauvaise, cette sorte de joie honteuse et délectable qui nous envahit lorsque notre pire ennemi est assassiné par un des siens.
C’est là que je me suis rendu compte de deux choses :
1. La profondeur, la hauteur et la largeur de la rage que je ressens à la seule évocation de Macron et tous ceux qui depuis 40 ans pillent la France et nous dépouillent au profit du CAC 40.
2. La profondeur, la hauteur et la largeur de mon désespoir devant l’entreprise de destruction de la France et d’abrutissement des français. Mon ressentiment, mon désespoir, mon sentiment d’impuissance, sont si grands que j’en arrive à me réjouir de tous les signes visibles de notre décadence. Je me dis que plus vite l’effondrement de notre société découragera ou discréditera les parasites et les prédateurs, plus vite nos descendants pourront reconstruire une France vivable.
Le Titanic n’est plus pour moi le symbole de la catastrophe mais celui de la délivrance. L’Occident est en train de sombrer pendant que dansent et se congratulent les profiteurs sadiques qui ont pris les commandes du navire géant. Ils pensent pouvoir, grâce à la géniale instrumentalisation de l’épidémie de Covid-19, instaurer une démocrature à leur service. Ils s’imaginent qu’ils s’en sortiront toujours parce qu’ils ont de l’argent, des postes et des réseaux. Mais qui sait, peut-être que de plus en plus d’opprimés sont prêts, comme moi, à mourir avec le Titanic, si cela peut débarrasser l’humanité de cette engeance perverse ?
Source : 443socialclub.com
C’est avec la même joie mauvaise que j’ai suivi la vendetta de Meghan et Harry contre « la firme » comme ils disent, l’entreprise éminemment lucrative de la famille royale anglaise. Là aussi les coups viennent de leur propre camp. Meghan et Harry, profitant habilement du parallèle avec la malheureuse princesse Diana, font passer la famille royale pour des gens cupides, sans cœur et, cerise sur le gâteau, racistes, des Altesses uniquement préoccupées par le protocole et leur intérêt personnel. D’accord, on le savait déjà, mais là tout de même c’est jouissif de les voir se débattre et se tortiller comme des serpents dans leur nid royal. Les contorsions des éditocrates de la TV des nantis pour défendre la famille royale sans trop démolir le jeune couple, sont elles aussi à mourir de rire ! [source : Flickr.com]
Et puis, on apprend par RT France, décidément une source bien rafraîchissante de nouvelles gênantes ou grotesques, qu’ « un imposant clitoris gonflable a été déployé devant la tour Eiffel sur le parvis des Droits de l’Homme, à Paris, par des féministes dénonçant l’«analphabétisme sexuel institutionnel» et le retard de la médecine sexuelle ». Ah merci Hidalgo ! Tu es une source inépuisable de joie mauvaise car rien ne t’arrête ! Il y a longtemps que tu as perdu tous sens du ridicule et même de la décence ! Il n’y a pas 15 jours, tu voulais nous mettre tous sous cloche pour trois semaines, soi-disant pour enrayer la propagation du Covid-19, tu te rappelles ? Non ? Rien d’étonnant, tu ne sais pas ce que tu dis, comment pourrais-tu t’en rappeler ? En tous cas tu as fait fort avec le clitoris ! Avec toi, on n’a pas fini de rigoler…
Une chose est sure, on a vraiment de la chance d’avoir en France des minorités importées des Etats-Unis, le phare du progressisme libéral-libertaire, défenseur des opprimés et pourfendeur des dictateurs-qui-assassinent-leur- peuple. Je sais qu’il y a des gens mal informés pour dénigrer les Etats-Unis, mais, réfléchissez bien, sans les Etats-Unis, leur dollar, leurs ONG, leurs multinationales, leur armée, leurs politiciens corrompus et leurs minorités opprimées, que ferait le monde ? Comment saurions-nous qui dénoncer, fuir ou aduler ? Comment saurions-nous quand nous nous indigner ou sauter de joie ? Personne, pas même Macron, ne pourrait nous aider ! Non, le monde a besoin de la Nation indispensable ainsi qu’elle se nomme elle-même, tant elle a à cœur sa mission civilisatrice.
Source : American Dream, Flickr.com
Figurez-vous qu’à la manifestation de samedi dernier place de la République à Paris, deux des sous-minorités les plus emblématiques de la mouvance féministe en sont venues aux mains pour des motifs absolument tordants.
« Nous venons d’être insultées, agressées, attaquées, pancartes arrachées, jet d’œufs par le mouvement pro-prosti Queer contre « l’islamophobie » , a déclaré une participante, membre du Collectif abolition porno-prostitution (CAPP) », selon RT France à qui nous devons cette nouvelle pinte de joie mauvaise !
Quel revanche pour tous les bouseux de l’Amérique et de la France profondes, vilipendés, calomniés, accusés d’être racistes, misogynes, homophobes, antisémites, transphobes, idiots, violents, et que sais-je encore ? Quelle revanche de voir s’étaler en direct, à la TV, la bêtise, la méchanceté, la corruption, la brutalité, la cupidité des précieuses et surtout des précieux ridicules. Car malgré tout leur féminisme, ces messieurs, que leurs courtisans nous présentent comme des dieux, ne sont pas prêts, mais pas prêts du tout, à partager le pouvoir et les honneurs avec le sexe faible, ni même avec les unisexes ou les sans sexes.
Quel spectacle hilarant ils nous offrent avec leurs mensonges, leur hypocrisie, leurs retournements de vestes, leurs affaires, leurs vices, leur vanité, leur arrogance et finalement leur bêtise ! Il nous faudrait un autre Molière pour les dépeindre… Ils sont même plus ridicules, plus grotesques, et hélas plus malfaisants, que les Dieux de l’antiquité.
Quand les vautours se battent entre eux, la délivrance est proche
Ce qui fait la force des puissants, c’est leur solidarité. Les Pinçon-Charlot nous l’ont bien montré et d’ailleurs Monique vient justement d’en faire les frais. L’Establishment, obligé de la tolérer, sans doute bien à contre-cœur, du fait de ses antécédents au CNRS, vient de profiter de sa brève apparition dans le film Hold-up pour se débarrasser d’elle.
L’oligarchie construit, depuis toujours, de puissants remparts pour se protéger des populations qu’elle exploite et asservit, et cela fonctionne tant qu’elle se serre les coudes. Mais l’épidémie a bouleversé le statu quo politico-économique. Elle a scellé, en Occident du moins, la domination des multinationales sur des Etats qui se sont révélés incapables de gérer la crise autrement que par la répression. Du coup, des luttes pour le pouvoir et les intérêts commerciaux et financiers éclatent au sein de la Caste, et certains trouvent avantageux de régler leurs comptes en public. Les récentes dénonciations de pédophiles et autres violeurs, mettant en cause des personnalités connues sont un autre aspect de ce combat. Les récentes poursuites judiciaires contre d’éventuels challengers du pouvoir en place en sont un autre.
C’est une grande joie, un grand bonheur, peu importe finalement qu’il soit sain ou malsain, que de voir nos ennemis de classe, ces parvenus qui nous rendent la vie impossible, s’entredéchirer avec les mêmes armes qu’ils utilisent habituellement contre nous. N’en sont-ils pas à nous empêcher de parler et de respirer en nous forçant, nous et nos enfants, à porter un masque parfaitement inutile, puisque le Covid ne tue que des personnes très âgées et affectés d’une ou plusieurs pathologies (diabète, hypertension etc.), dont l’espérance de vie est très courte. Je suis sure que si on leur demandait leur avis, nos anciens refuseraient de servir d’alibi au gouvernement pour martyriser le reste de la population.
Les luttes intestines de la bourgeoisie sont un signe de faiblesse dont nous devons profiter pour nous libérer de nos chaînes et développer des relations justes et émancipatrices à notre travail et dans la société.
1. Le monde du travail a été laminé par la mondialisation et beaucoup de travailleurs vivent dans la pauvreté. Ils cherchent, à juste titre, à se réapproprier au moins une part de la richesse qu’ils produisent et qui est confisquée par le Capital. Le revenu de base dont on nous rebat les oreilles n’est qu’un pis-aller. Il serait beaucoup plus respectueux et émancipateur d’assurer un premier niveau de salaire (PNSI), une forme de SMIC socialisé, à toute la population à partir de 18 ans. Ce PNSI serait versé par le sécurité sociale, comme les allocations familiales, mais il ne serait pas cumulable
avec les salaires/revenus existants. Le coût pour la sécu serait d’environ 70 milliards et il serait financé par une légère hausse de la cotisation sociale, qui serait à la charge du Capital. Ce serait une bonne manière de récupérer une part des profits usurpés par le Capital, d’en finir avec l’austérité pour reprendre la route, interrompue dans les années 1970, vers la prise de contrôle de entreprises et de la richesse qu’elles produisent par les travailleurs. Evidemment cela nécessiterait un peu de protectionnisme et donc une sortie de l’UE, cette citadelle du néolibéralisme.
2. Les campagnes et les villages ont aussi été de grandes victimes de la Mondialisation, mais ils renaissent depuis le mouvement des Gilets jaunes, comme en témoigne Antony Cortes dans « Le réveil de la France oubliée« .
Rire c’est bien, agir c’est mieux
Depuis 40 ans, nous rions de nos malheurs pour ne pas pleurer, nous rions des frasques des puissants pour oublier notre impuissance, nous rions de leurs mésaventures pour refouler notre humiliation, nous rions pour ne pas sombrer dans le désespoir, nous rions pour nous venger.
Louis de Funès et Bourvil (« Le dîner des cons »)
N’est-il pas temps de cesser de rire et de passer à l’action ?
Dominique Muselet,
le 9 mars 2021
Je me suis demandé, par habitude, pourquoi The Economist s’en prenait soudainement à Macron.
1. S’agit-il d’un avertissement de l’Establishment néolibéral, à savoir la petite clique des propriétaires des entreprises les mieux cotées en Bourse, qui tient à son image de camp de la liberté comme en té... View More
QUE DE DECOUVERTES...OU SUJETS DE REFLEXION
CHRONOLOGY 2.0 - "Et si les récentistes avaient raison ?"
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Etes-vous prêt à remettre en question une grande partie de l'histoire que vous avez apprise à l'école ? Avec l'hypothèse récentiste, découvrez comment notre histoire aurait pu être faussée à cause d'une chronologie erronée. De quand datent réellement les Gaulois, les Romains, les Grecs ou les Egyptiens ? De dizaines de siècles comme on nous l'apprend, ou simplement de quelques siècles comme l'avancent les récentistes ? Et si leur hypothèse permettait enfin de résoudre de nombreux mystères irrésolus, comme celui des Pyramides égyptiennes ou de l'Atlantide ? Après ce film, chacun se fera sa propre opinion selon son intime conviction. Mais au vu des indices accumulés par le collectif CHRONOLOGY 2.0, vous pourriez bien en ressortir avec une idée bien différente de notre histoire. Et peut-être vous poser sérieusement la question : Et si les récentistes avaient raison ?
Visitez la page Facebook de ce collectif de chercheurs : https://facebook.com/chronology2.0
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« J'ai bénéficié de cinq non-lieux », ne cesse de marteler Nicolas Sarkozy. Ce chiffre est bidon : l'ancien président n'en a obtenu que deux. Surtout, il reste empêtré dans une myriade d'affaires. Son parcours ressemble à un saute-mouton dans les marécages judiciaires, où coassent ses sulfureuses fréquentations. Album photos.
Dans les années 1970, la droite part à la conquête des Hauts‑de‑Seine, qui voit s’élever les tours de la Défense, un fabuleux terreau pour les affaires politico-judiciaires. C'est dans ce contexte que, quelques années plus tard, Nicolas Sarkozy fait ses classes, au milieu des « Pasqua boys ».
CHARLES PASQUA LE CORSE
Pour étendre son emprise sur le département, Charles Pasqua s'appuie sur de jeunes pousses, dont Nicolas Sarkozy, qu’il repère en 1975 aux jeunesses gaullistes. Pasqua est le témoin de son premier mariage. En 2004, son long règne sur les Hauts-de-Seine prend fin. C'est alors Nicolas Sarkozy qui hérite du conseil général. Mis en examen à de multiples reprises, Charles Pasqua a été condamné deux fois (la Sofremi et le financement de la campagne européenne de 1999).
ACHILLE PERETTI LE BARON
Corse comme Pasqua, Achille Peretti fait entrer Nicolas Sarkozy au conseil municipal de Neuilly en 1977, alors qu’il n’a que 22 ans. Sarkozy épouse en 1982 sa nièce (la mère de Pierre et Jean). Et récupère la mairie, l’année suivante, à la mort du vieux baron gaulliste. Le nom d'Achille Peretti reste associé à l'arrière-boutique du RPR et notamment à l'affaire Boulin, du nom d'un ancien ministre retrouvé mort dans un étang, en 1979.
ISABELLE ET PATRICK BALKANY LES THÉNARDIER
Isabelle et Patrick Balkany, bien installés à Levallois-Perret, sont de grands amis de Nicolas Sarkozy, qui les invite en vacances au Cap Nègre. Isabelle est d'ailleurs la marraine politique de Jean Sarkozy lorsqu’il siège au conseil général. Des liens d'amitié que rien ne viendra distendre : déjà condamné pour prise illégale d’intérêts, le couple collectionne les mises en examen, notamment pour fraude fiscale. Et leur ville a passé un contrat douteux avec la société Bygmalion.
CHARLES CECCALDI-RAYNAUD LE SUPPLÉANT
En 1988, Nicolas Sarkozy brigue un siège de député. Il prend comme suppléant Charles Ceccaldi-Raynaud, maire de Puteaux et président de l’Epad, l’Etablissement public d’aménagement du quartier de la Défense. Et tant pis pour sa réputation clientéliste, que ce natif de Bastia assume : « J'en ai vu, des gens qui avaient des opinions et qui en changeaient en obtenant une place en HLM. »
JOËLLE CECCALDI-RAYNAUD LA REINE MAIRE
En 2002, c’est la fille de Charles que Sarkozy choisit comme suppléante aux législatives. Elle récupère sa circonscription en 2007. Elle se voit aussi confier un poste clef, la présidence de l’Epad, quand Sarkozy échoue à y imposer son fils Jean. Elle est mise en cause pour sa gestion de l’office HLM de Puteaux. Et, selon Mediapart, elle a retiré des lingots d’or d’une banque luxembourgeoise, sur fond de soupçons de pots-de-vin dans un marché à la Défense.
ANDRÉ SANTINI LE CENTRISTE
Corse d'origine, le maire d’Issy-les-Moulineaux est aussi un proche de Charles Pasqua. Lors de la présidentielle de 2007, Santini apporte à Sarkozy le soutien d’une partie de l’UDF… ce qui lui vaut un maroquin, malgré sa mise en examen dans l’affaire de la fondation Hamon. Soupçonné de détournement de fonds publics, Santini est condamné en première instance mais il est relaxé en appel.
ARNAUD CLAUDE L'ASSOCIÉ
Cet ami de jeunesse de Nicolas Sarkozy est son associé au sein d'un cabinet d'avocats. Il est soupçonné d’avoir aidé les Balkany à échapper au fisc. Il a été mis en examen pour blanchiment de fraude fiscale et les Panama Papers pourraient éclairer son rôle dans la constitution de montages financiers opaques.
1993-1995 LA BALLADUR CONNECTION
Juillet 1993. Edouard Balladur (au milieu) avec une partie de son gouvernement : Nicolas Sarkozy (38 ans), Michel Giraud, Alain Madelin et François Léotard. © SIPA
D'abord proche de Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy soutiendra pourtant son grand rival Edouard Balladur lors de la présidentielle de 1995. Cette élection sera entachée par l'affaire dite de « Karachi » : des contrats d'armement passés sous le gouvernement Balladur auraient servi de bases à des rétrocommissions destinées à financer la campagne des balladuriens.
EDOUARD BALLADUR LE MARQUIS
Entre 1993 et 1995, Nicolas Sarkozy joue la carte Balladur, qui, en retour le nomme ministre du Budget puis porte-parole de sa campagne de 1995. Balladur échouera finalement contre Chirac… Malgré de très suspects versements en liquide, Balladur dément tout financement illégal de sa campagne et évoque une vente exceptionnelle de T-shirts. Las, en 2014, la Cour de justice de la République (CJR) est chargée d'enquêter sur l'ex-Premier ministre (mais elle ne semble pas très pressée).
FRANÇOIS LÉOTARD LE MINISTRE
François Léotard est ministre de la Défense dans le même gouvernement que Nicolas Sarkozy, avec lequel il a entretenu « des liens de sympathie ». Avec son conseiller Renaud Donnedieu de Vabres, il supervise les contrats d’armement internationaux, négociés au milieu des années 90 avec le Pakistan et l’Arabie saoudite. Le clan Balladur aurait saisi cette occasion pour remplir les caisses.
ZIAD TAKIEDDINE L'INTERMÉDIAIRE
Imposé par Donnedieu de Vabres, l'homme d'affaires Ziad Takieddine sert d’intermédiaire avec les acheteurs dans des négociations déjà bien avancées grâce à l'usage de commissions, sortes de « pots-de-vin » légaux. Takieddine a avoué avoir ensuite reversé une partie de l'argent touché afin de financer la campagne de Balladur. Le Franco-Libanais a invité sur son yacht des proches de Nicolas Sarkozy, dont Brice Hortefeux.
THIERRY GAUBERT L'HOMME LIGE
Thierry Gaubert est un proche collaborateur de Nicolas Sarkozy, d’abord à la mairie de Neuilly, puis au ministère du Budget entre 1993 et 1995. C'est lui qui aurait demandé un « retour d'ascenseur » à Ziad Takieddine. Selon son épouse, il a accompagné l'homme d'affaires à Genève pour récupérer des valises de billets.
NICOLAS BAZIRE L'AUTRE NICOLAS
Grand ami de l'ex-chef d'Etat (il a été son témoin de mariage avec Carla Bruni), Nicolas Bazire a été le directeur de cabinet d’Edouard Balladur avant de prendre en charge sa campagne de 1995. Il forme alors avec Sarkozy un très efficace duo. D'après Ziad Takieddine, c'est Nicolas Bazire qui l'a mis en relation avec Thierry Gaubert dans l'optique de trouver des fonds pour la campagne.
BRICE HORTEFEUX L'INTIME
Témoin de mariage de Nicolas Sarkozy, parrain de baptême de son fils Jean, Brice Hortefeux est un intime. D'abord directeur de cabinet à Neuilly, il suit son ami Sarkozy au ministère du Budget, où il est le supérieur direct de Thierry Gaubert. En 2011, Hortefeux appelle ce dernier pour le prévenir que sa femme « balance beaucoup » à propos de la campagne de 1995. Une enquête préliminaire pour violation du secret professionnel a toutefois été classée sans suite.
2002-2007 PREMIER FLIC DE FRANCE
Octobre 2002. Nicolas Sarkozy (47 ans), ministre de l’Intérieur depuis quelques mois, est en visite à Strasbourg après des émeutes urbaines. © SIPA
Nicolas Sarkozy devient « Sarko » au ministère de l'Intérieur. C'est à ce poste qu'il peaufine son image peu chic mais fort choc. Après les émeutes de 2005, au cours desquelles il se présente comme le rempart de l'autorité de l'Etat, puis de la débandade du Contrat première embauche (CPE), qui plombe son adversaire Dominique de Villepin, il devient l'homme fort du gouvernement.
BERNARD SQUARCINI LE « SQUALE »
L’espion du président Sarkozy ! L’ancien patron du renseignement est aujourd’hui au cœur de plusieurs affaires judiciaires. Mis en examen fin septembre, il est soupçonné d’avoir continué à obtenir des informations couvertes par le secret après avoir été poussé au départ de la DCRI. Son domicile a été perquisitionné au printemps 2016. Des dizaines de documents ont été saisis.
MICHEL GAUDIN LE PRÉFET
Ex-préfet de police de Paris, ex-directeur général de la police, Michel Gaudin ne s’est jamais tenu bien loin de Nicolas Sarkozy au point d’être aujourd’hui son directeur de cabinet. Dans l’affaire des primes en liquide, Gaudin a été condamné à dix mois de prison avec sursis. Il a fait appel. Ce dernier a également été entendu dans le dossier Squarcini pour avoir cherché à se renseigner sur des procédures en cours…
CHRISTIAN FLAESCH LE PATRON DU 36
L’ancien patron de la police parisienne a été mis en examen pour violation du secret de l’enquête début octobre. Il est soupçonné d’avoir dévoilé en avril 2013 des éléments sur une enquête visant LVMH à Bernard Squarcini. Ce dernier avait alors quitté la DCRI pour travailler pour Bernard Arnault, patron de… LVMH. Les deux hommes étaient écoutés par les policiers.
CLAUDE GUÉANT LE DÉVOUÉ
« Oh bah… je vais pas balancer », soupirait Claude Guéant au téléphone en 2013, ignorant être sur écoute. Mis en cause dans plusieurs dossiers judiciaires (Buisson, Tapie, la Libye…), l’ex-secrétaire général de l’Elysée est en effet toujours resté muet. Quitte à être condamné. Dans l’affaire de ses primes en liquide de la place Beauvau, le « cardinal » a écopé de deux ans de prison avec sursis et de cinq ans d’interdiction de fonction publique. Il a fait appel.
PRÉSIDENTIELLE 2007 DÉPENSER PLUS POUR GAGNER PLUS ?
Mars 2007. Le candidat Sarkozy (52 ans) sur le plateau du « Grand Journal » de Canal+. © AFP
En 2007, Nicolas Sarkozy se présente à l'élection présidentielle. Il finit par l'emporter face à Ségolène Royal. Là encore, des soupçons de financement illégal flottent sur la campagne. Ils se concentrent autour de deux affaires : celles des « millions de Kadhafi », qui n'est pas terminée, et l'affaire Bettencourt, dans laquelle l'ex-chef d'Etat a bénéficié d'un « non-lieu » en 2013.
CLAUDE GUÉANT LE DÉVOUÉ
La campagne de 2007 a-t-elle été financée par la Libye de Kadhafi ? Plusieurs cadres du régime l'ont laissé entendre avant l'offensive militaire de 2011 dans le pays. Dans cette affaire, Claude Guéant a été mis en examen en mars 2015 pour faux, usage de faux et blanchiment de fraude fiscale en bande organisée en raison d’un virement de 500.000 euros reçu sur son compte. L’ancien ministre assure que cet argent provient de la vente de deux tableaux.
BACHIR SALEH LE TÉMOIN
Le grand argentier de Kadhafi, bon connaisseur de la langue française, était très au fait des relations entre l'ancien dictateur et les sarkozystes. Il a bénéficié de la protection de la France après la chute du régime. Visé par un mandat d'arrêt d'Interpol, il demeure en France jusqu'en mai 2012 avant de s'exiler en Afrique du Sud au terme d'une rocambolesque escapade orchestrée par Alexandre Djouhri et Bernard Squarcini.
ALEXANDRE DJOUHRI MONSIEUR ALEXANDRE
Réputé proche de Claude Guéant, Djouhri est l'un de ces « princes de l'ombre » qui naviguent entre la politique et les affaires. L’homme, qui se soucie beaucoup du sort de Bachir Saleh, ne s’est pas présenté devant la justice lorsqu'il a été convoqué pour s'expliquer sur son éventuel rôle dans le dossier du financement libyen. Selon des témoignages recueillis par le journaliste Pierre Péan, il serait aussi intervenu dans la libération des infirmières bulgares.
ERIC WOERTH LE TRÉSORIER
En 2007, Eric Woerth est trésorier de la campagne présidentielle. Après le déclenchement de l'affaire Bettencourt, il est soupçonné d'avoir profité de la fortune de l'héritière du groupe l'Oréal pour financer la campagne de Sarkozy. L'ancien président a finalement bénéficié d'un non-lieu dans cette histoire, faute de charges suffisantes. Son « ami » Eric Woerth est relaxé en mai 2015. Depuis, Sarkozy ne cesse de citer ce dénouement pour fustiger ceux qui évoquent les affaires.
PATRICE DE MAISTRE LE GESTIONNAIRE
Décoré de la Légion d'honneur sous Nicolas Sarkozy, le gestionnaire de fortune de Liliane Bettencourt, Patrice de Maistre, assure n’avoir jamais donné un sou à Eric Woerth pour financer illégalement la campagne. Pour les juges, il « existe une forte suspicion de remise d'argent des fonds Bettencourt sans que la démonstration de la remise ne soit totalement acquise ».
PHILIPPE COURROYE LE PROCUREUR
L'ex-procureur de Nanterre a fait « connaissance » de Nicolas Sarkozy « à titre privé par des relations communes ». Décoré par l'ancien Président, il dément toutefois des relations d'amitié, disant s'en tenir à la définition d'Aristote, « une seule âme en deux corps ». Quoi qu'il en soit, le peu de mordant du procureur dans l'affaire Bettencourt a été remarqué. Il a finalement été dessaisi en 2010.
2007-2012 LES SECRETS DE L’ELYSÉE
17 mai 2007. Tout juste élu président, Nicolas Sarkozy (52 ans) se montre à l'Elysée revenant d'un jogging. © AFP
Ça y est ! Nicolas Sarkozy est président de la République. De son passage à l'Elysée, on retient entre autres l'affaire des sondages – des contrats passés sans mise en concurrence –, l'arbitrage en faveur de Bernard Tapie et le recasage sur-mesure de son secrétaire général adjoint, François Pérol.
PATRICK BUISSON LE BARON NOIR
Ce conseiller de l'ombre a bénéficié des largesses du président, grâce à des contrats et arrangements passés sans appels d’offres. Mis en examen, l'ancien directeur de « Minute » se défend en évoquant un statut dérogatoire de l'Elysée. Après un début de polémique, il s'est tourné vers l'UMP, histoire de continuer à gagner des sous.
PIERRE GIACOMETTI LE SONDEUR
Pierre Giacometti est l’autre sondeur attitré de Nicolas Sarkozy. Tout comme celle de Buisson, sa boîte Giacometti Peron a bénéficié des faveurs du président, parfois au mépris du code des marchés publics. Lui aussi a été mis en examen en septembre 2015 pour « recel de favoritisme ».
EMMANUELLE MIGNON LA BÛCHEUSE
C’est par la directrice de cabinet du président que les juteux contrats des sondages ont été passés. Ce haut fonctionnaire a commencé à travailler avec Nicolas Sarkozy au ministère de l’Intérieur. Elle a été mise en examen pour favoritisme dans l’affaire des sondages, même si elle semble être la seule à s’être inquiétée d'une possible violation du code des marchés publics.
CLAUDE GUÉANT LE DÉVOUÉ
Dans l’affaire des sondages, le dévoué Claude Guéant a été trahi par une carte de visite agrafée à un contrat passé avec Buisson et déposé sur le bureau d’Emmanuelle Mignon : « Merci de mettre ce contrat à la signature et de faire retour d’un exemplaire à P. Buisson. CG. » Il a, lui aussi, été mis en examen en février 2016 pour complicité de favoritisme.
JEAN-MICHEL GOUDARD LE PUBARD
C'est le « G » dans Euro RSCG, géant de la com'. Le publicitaire Jean-Michel Goudard, ami de Nicolas Sarkozy et auteur du slogan « Ensemble, tout devient possible », est nommé conseiller stratégie fin 2008. C'est lui qui a signé en 2009 la reconduction d’un accord passé en 2007 entre la présidence et l'entreprise de Buisson. Il a été mis en examen.
BERNARD TAPIE LE BUSINESSMAN
Bernard Tapie connaît Sarkozy depuis le début des années 1980 et l'a soutenu en 2007. Etait-ce un bon investissement ? L'homme d'affaires a bénéficié d'un coup de pouce politique dans le litige qui l'opposait au Crédit lyonnais sur la revente d'Adidas. En 2008, il s'est vu accorder 403 millions d'euros par un tribunal arbitral. Un arbitrage annulé par la cour d'appel.
CHRISTINE LAGARDE LA MINISTRE
Aujourd'hui présidente du FMI, Christine Lagarde était alors ministre de l'Economie. C'est elle qui, à l'instigation de Nicolas Sarkozy, a poussé à l'arbitrage par un tribunal privé plutôt que de laisser la justice trancher. Elle sera jugée par la CJR à partir de décembre.
STÉPHANE RICHARD LE DIR' CAB'
Aujourd'hui à la tête d'Orange, Stéphane Richard connaît Sarkozy depuis les années 1990. Il a été décoré par lui en 2006 et est invité à ses anniversaires. Directeur de cabinet de Christine Lagarde, il suivait tous les dossiers sensibles. Il est mis en examen pour escroquerie en bande organisée.
FRANÇOIS PÉROL LE STRATÈGE
Le secrétaire général adjoint de l'Elysée suit la fusion des Banques populaires et des Caisses d’épargne. Surprise : en 2009, il est nommé à la tête de la nouvelle entité. S’est-il taillé un poste à sa mesure, avec l’imprimatur de Nicolas Sarkozy ? Soupçonné de prise illégale d’intérêts, Pérol a été relaxé par le tribunal correctionnel de Paris. Le parquet a fait appel.
CAMILLE PASCAL LA PLUME
Après avoir été secrétaire général du groupe France Télévisions, Camille Pascal devient l'une des plumes de Nicolas Sarkozy en 2011. Mis en cause dans l’affaire Bygmalion-France Télévisions, il est soupçonné, ainsi que les anciens dirigeants de l’audiovisuel public, d’avoir favorisé la boîte de Bastien Millot, proche du PDG de France Télé. Pour sa défense, Pascal se présente comme un simple exécutant.
PRÉSIDENTIELLE 2012 LA VICTOIRE À TOUT PRIX
Avril 2012. Drapeaux français distribués par milliers, écrans gigantesques... Le président-candidat Sarkozy (57 ans) produit des meetings qui ressemblent à des spectacles. © AFP
Meeting après meeting, Nicolas Sarkozy espère repasser devant son adversaire, François Hollande. L'effervescence retombée, il reste sur la table des montagnes de factures qui ne peuvent être attribuées à la campagne sans crever le plafond autorisé. Ainsi démarre l'affaire Bygmalion.
JEAN-FRANÇOIS COPÉ LE « BRIS » DE MEAUX
Mis en cause par « le Point » en février 2014, le patron de l'UMP (devenue Les Républicains) est accusé d'avoir détourné des millions d'euros des caisses du parti via ses liens avec les patrons de Bygmalion. Poussé à la démission après la publication dans « Libé » de fausses factures, Copé n'a pas été mis en examen dans le dossier et ne devrait pas être renvoyé devant le tribunal. L'enquête n'a révélé l'existence d'aucune « caisse noire ».
FRANCK ATTAL MONSIEUR MEETING
Le « monsieur meeting » de Bygmalion le clame haut et fort : les 18 millions d'euros de fausses factures payées par l'UMP à la société d'événementiel ont bien servi à financer la campagne de Sarkozy. En clair, personne ne s'est mis d'argent dans les poches, et surtout pas lui. Mis en examen pour avoir validé le système des fausses factures, Attal assure que les demandes délirantes de l'équipe du candidat ont conduit à faire exploser les coûts de la campagne.
JÉRÔME LAVRILLEUX BRAS DROIT DE COPÉ
L'ex-directeur adjoint de la campagne de Nicolas Sarkozy, proche de Copé, n'a jamais caché son implication dans l'affaire Bygmalion. Il a reconnu sur BFMTV avoir avalisé le système de fausses factures. Mis en examen, Lavrilleux, aujourd'hui député européen, protège Copé – il ne lui aurait jamais rien dit – mais enfonce Sarkozy – qui n'a pas pu ne pas savoir.
GUILLAUME LAMBERT LE CONTRÔLEUR
Il n'a rien vu, rien su, rien entendu. Le préfet Guillaume Lambert, directeur de campagne de Sarkozy en 2012, avait pourtant été embauché par le candidat pour tout contrôler. Mis en examen, ce dernier ne cesse de nier sa participation à la fraude. Pourtant, certains éléments l'accablent. Des documents retrouvés par les juges montrent ainsi qu'il a été prévenu par les experts comptables de la campagne des risques de dépassement dès mars 2012.
ERIC CESARI GRANDES OREILLES
Nom de code : « œil de Moscou ». Au siège du parti, la réputation d’Eric Cesari, ancien directeur-général de l'UMP, était simple : l’homme était là pour tout répéter à son patron, Nicolas Sarkozy. Depuis le début de l'affaire, cet homme de cabinet qui ne figure jamais en première ligne sur les photos nie sa connaissance du système. Sa signature figure pourtant sur la plupart des fausses factures des conventions….
APRÈS 2012 NON MAIS ALLÔ, PAUL BISMUTH ?
Septembre 2015. Après une courte période de retrait de la scène politique, Nicolas Sarkozy (60 ans) est redevenu président de son parti en 2014. © AFP
Après la défaite de mai 2012, Nicolas Sarkozy se consacre à des activités privées : il voyage pour des conférences grassement rémunérées et apprend l'anglais. Il revient vite au centre du jeu politique, en prenant la présidence de l'UMP (devenue Les Républicains) puis en se déclarant candidat à la primaire de la droite et du centre. Les affaires, elles, n'ont pas connu d'interruption.
THIERRY HERZOG L'AVOCAT
L’avocat de Nicolas Sarkozy a été mis en examen pour « corruption active », « trafic d'influence actif » et « recel de violation du secret professionnel ». Il est soupçonné d’avoir tenté de corrompre un magistrat de la Cour de cassation afin d’obtenir des informations sur l’avancée des ennuis judiciaires de l’ancien président (dans l’affaire Woerth-Bettencourt). Tout cela via des lignes téléphoniques enregistrées sous de faux noms (dont Paul Bismuth).
GILBERT AZIBERT LE BON TUYAU
Avocat général à la Cour de cassation, Gilbert Azibert est soupçonné d’avoir rencardé Nicolas Sarkozy et Thierry Herzog en échange de leur aide pour décrocher un poste convoité à Monaco. Il a été mis en examen. Il est aujourd'hui à la retraite.
2017 CANDIDAT POUR SE SAUVER
Mai 2016. Nicolas Sarkozy (61 ans) est l'un des sept candidats à la primaire de la droite et du centre. © AFP
Une campagne électorale ? Non, une course contre la montre. Le 5 septembre 2016, le parquet de Paris a requis le renvoi en correctionnelle des quatorze personnes mises en examen dans l’affaire Bygmalion pour financement illégal de la campagne présidentielle de 2012, dont Nicolas Sarkozy… Une bataille juridique est engagée entre avocats et magistrats instructeurs. Seule certitude : le jugement ne saurait intervenir avant l’élection présidentielle du 7 mai 2017. Remporter ou seulement figurer dans la course à l’Elysée permettra-t-il à Sarkozy d’éviter la comparution fatidique ? L’ex-président court désormais pour se tirer d’affaires… ♦
Issue des milieux anti-communistes de la Guerre froide, la Fondation Saint-Simon a discrètement rassemblé en France, dans les années 80 et 90, des personnalités politiques, économiques, culturelles et médiatiques. Entre autres membres éminents : Pierre Rosanvallon, Alain Minc, Francis Mer, Serge July, Laurent Joffrin, Luc Ferry, Alain Finkielkraut, ou encore Christine Ockrent. Membre du Club de La Haye, un réseau international de think-tanks animé par la CIA, la Fondation Saint-Simon a éclipsé les intellectuels de la gauche non-atlantiste et imposé une forme de pensée unique en France.
De 1982 à 1999, la Fondation Saint-Simon exerça un véritable magistère sur la vie intellectuelle et médiatique française. Dans le prolongement de la « Troisième voie » chère à Raymond Barre, Jacques Delors ou Michel Rocard, elle rassembla une centaine de personnalités issues des cercles libéraux et sociaux-démocrates et développa un discours « ni de gauche, ni de droite » [1], qualifié par ses détracteurs de « pensée unique ».
Son fondateur et premier président, l’historien François Furet, ne faisait pas mystère d’avoir noué des contacts avec la CIA après avoir rompu avec le Parti communiste. De plus, il se présentait comme le continuateur de l’œuvre de Raymond Aron, un intellectuel anti-communiste qui anima le Congrès pour la liberté de la culture, une vaste opération de la CIA pour manipuler les intellectuels ouest-européens et les enrôler dans la Guerre froide. Malgré ces indices, les liens éventuels de la Fondation Saint-Simon avec les services états-uniens ne furent jamais discutés. Notre enquête les a mis à jour.
La réactivation des réseaux de la « Troisième voie » anti-totalitaire
Pour comprendre comment la Fondation Saint-Simon a été créée, en 1982, il importe de se remémorer les efforts entrepris depuis la dissolution du Congrès pour la liberté de la culture, en 1975, pour faire vivre le courant intellectuel de la « Troisième voie ».
Dès la fin des années 70, les intellectuels libéraux et les sociaux-démocrates anti-communistes renouvellent leur alliance afin de lutter contre le Programme commun présenté par François Mitterrand. Ainsi, en 1978, Raymond Aron s’entoure de Jean-Claude Casanova [2] Alain Besançon [3] et Kostas Papaioannou pour créer Commentaire, une revue dont la problématique centrale est l’analyse critique du phénomène totalitaire [4]. Elle tire son nom de Commentary la revue mensuelle de l’American Jewish Committee et en inclut des rédacteurs dans son propre comité de rédaction.
Dans le sillage de Contrepoint, revue de Georges Liébert et Patrick Devedjan et de Preuves, publication quasi-officielle du Congrès pour la liberté de la culture, Commentaire rassemble des intellectuels et hommes politiques anti-communistes et pro-états-uniens. Ses réseaux s’étendent de l’IEP [5] (Jean-Claude Casanova, Michel Crozier, Alain Lancelot) à la Sorbonne (Raymond Boudon, Pierre Chaunu), en passant par l’EHESS [6] où François Furet mène une véritable politique de recrutement politique (il fera entrer Pierre Rosanvallon, pourtant diplômé d’une école de commerce, HEC).
Le comité de direction comprend deux aroniens, Pierre Manent, assistant de Raymond Aron au Collège de France et Marc Fumaroli, professeur à la Sorbonne puis au Collège de France. Le comité de rédaction est présidé par Raymond Aron et comprend des personnalités telles que Annie Kriegel, Alain Lancelot, Jean-François Revel, Georges Suffert...
Suivant la trace de Raymond Aron, les intellectuels du Congrès pour la liberté de la culture sont présents dans Commentaire : Manès-Sperber, Georges Vedel, le juriste du Club Jean Moulin, Michel Crozier, le sociologue officiel des planificateurs. L’ancien chef de Preuves, François Bondy, participe au comité de rédaction. De plus, le parrainage états-unien est assuré par l’intermédiaire de figures du Congrès pour la liberté de la culture, Irving Kristol [7] et Norman Podhoretz [8].
Dans une période de pacification relative des rapports Est/Ouest (ce moment prend fin avec la présidence Reagan), la revue constitue le maillon intermédiaire entre le Congrès pour la liberté de la culture et la Fondation Saint-Simon. Résolument pro-états-uniens, les membres de Commentaire contribuent à diffuser les auteurs libéraux américains tels que Allan Bloom, professeur de philosophie politique à Chicago qui annonce, dans L’Âme désarmée, la décadence en pointant du doigt les mouvements étudiants, et Francis Fukuyama, célèbre théoricien de la « fin de l’Histoire ». Dans la logique du réseau du Congrès pour la liberté de la culture, Commentaire consacre un dossier à l’œuvre de Friedrich von Hayek, le fondateur de l’ultra-libérale Société du Mont Pèlerin, un think tank qui contribue à la victoire de Margaret Thatcher en 1979.
La revue Commentaire, constituée des réseaux construits par Raymond Aron durant les deux premières décennies de la Guerre froide, regroupe des intellectuels anticommunistes de la première génération - les membres du Congrès pour la liberté de la culture, les élites des clubs de la « Troisième voie » (club Jean Moulin, club Citoyens 60) - et recrute des jeunes universitaires comme Pierre Rosanvallon ou François Furet. La revue a ainsi permis aux aînés de transmettre un capital de relations sociales à la nouvelle génération des intellectuels pro-états-uniens qui, en créant la Fondation Saint-Simon en 1982, reformulent l’idéal politique des pionniers de la « Troisième voie » (Pierre Mendès-France, Jacques Delors).
À la fin des années soixante-dix, l’école aronienne (Contrepoint, Preuves et Commentaire) est « concurencée » par la création d’un nouveau pôle de réflexion dit « réformiste » composé de jeunes intellectuels en quête de reconnaissance académique. En 1980, Pierre Nora, le patron des éditions Gallimard, et Marcel Gauchet, l’adversaire de Michel Foucault, lancent la revue Le Débat qui va constituer une tribune et un tremplin pour la jeunes génération incarnée par Alain Finkielkraut, Alain Minc, Gilles Lipovetsky, Luc Ferry... Cette équipe, qui plaide pour une « nouvelle gauche », libérale et sociale, rejoindra la Fondation Saint-Simon, en 1982.
Les fondateurs
La mise en place du réseau saint-simonien est le résultat de la rencontre entre deux intellectuels majeurs du courant anti-totalitaire, l’historien François Furet et le porte-parole de la CFDT Pierre Rosanvallon, et deux personnalités du monde économique, l’ultra-catholique Roger Fauroux et l’influent conseiller du patronat français Alain Minc.
François Furet
L’itinéraire politique de François Furet met en perspective les liens unissant les saint-simoniens et les néo-conservateurs états-uniens qui, par l’intermédiaire des fondations, financent les carrières de nombreux intellectuels français. François Furet, soutenu par l’ultra-conservatrice fondation Olin [9] lance un programme de démantèlement de l’historiographie marxiste et parallèlement dénonce l’alliance avec les communistes en créant, avec le soutien états-unien, un think tank destiné à combattre le Programme commun.
Militant communiste jusqu’en 1956 [10], il obtient l’agrégation d’histoire en 1954 en se faisant le défenseur des thèses du marxisme orthodoxe. Il entre au CNRS en 1956, puis à l’EHESS ; après sa rupture avec le PCF, il tente de fabriquer une historiographie tendant à réfuter la doctrine marxiste. Il analyse la Révolution française comme un phénomène achevé avec la IIIe République et entreprend un travail de dénonciation du « totalitarisme » communiste [11]. En quittant le PCF, François Furet devient un libéral intransigeant dans la lignée de Raymond Aron. Confirmant cette filiation intellectuelle, il crée avec Luc Ferry l’Institut Raymond Aron, qu’il dirige jusqu’en 1992. Président de l’EHESS de 1977 à 85, il part à Chicago en 1982 ; la même année, il crée la Fondation Saint-Simon. Au moment de la commémoration du bicentenaire de la Révolution française, la Fondation Olin lui verse 470 000 dollars [12] afin de financer son programme de recherche sur les révolutions américaine et française. En 1995, il publie Le Passé d’une illusion, ouvrage qui lui permet de revenir sur la fascination des intellectuels pour le marxisme et d’ériger le communisme comme une forme de totalitarisme équivalente au nazisme. Anti-mitterrandien radical et agent des néo-conservateurs états-uniens, François Furet a construit une œuvre intellectuelle conforme à la volonté de ses mécènes.
Pierre Rosanvallon
Son protégé, Pierre Rosanvallon, appartient à la jeune génération des « anti-totalitaires » formés dans les cercles aroniens de Commentaire.
Pierre Rosanvallon est diplômé d’HEC. Ex-dirigeant des JEC (Jeunesses étudiantes chrétiennes), il entre à la CFDT et lance, avec Edmond Maire et Marcel Gonin, la revue CFDT-aujourd’hui. Très proche de Jacques Delors avec qui il crée le Centre Travail et Société, il participe à de nombreuses expériences de la « Troisième voie ». Il écrit dans Esprit, Le Nouvel observateur, Commentaire (dés 1978). Grâce à François Furet, il entre à l’EHESS et devient responsable des études politiques jusqu’à la consécration du Collège de France. Auteur d’essai à prétention sociologique et historique [13], Pierre Rosanvallon fut « l’éminence grise » d’Edmond Maire à la CFDT, puis le conseiller de Jacques Delors. Il détient une place clé dans les réseaux saint-simoniens ; il représente la Fondation au comité directeur du Club de la Haye.
Alain Minc
Alain Minc, proche allié de Roger Fauroux, est le trésorier de la Fondation. Inspecteur des finances, major de sa promotion à l’ENA, son ami Fauroux lui offre le poste de directeur financier de Saint Gobain. Remercié après les pertes occasionnées par les opérations manquées de rachat de Bull et de la Générale des eaux, Alain Minc entre dans le groupe Carlo de Benedetti où ses échecs, comme vice-président de Cerus, ne l’empêchent pas d’empocher sept millions d’indemnités. Fort de ces expériences, il crée Alain Minc Conseil [14]. Parallèlement, il publie de nombreux livres dont un lui vaudra condamnation pour plagiat. Avec le soutien de grands patrons, il organise la recapitalisation du quotidien Le Monde, en 1994, et en préside depuis le Conseil de surveillance. Il coordonne l’écriture du rapport La France de l’an 2000 (Commissariat au Plan), commandé par Édouard Balladur dont il est l’un des soutiens les plus influents.
Roger Fauroux
Ami et conseiller des patrons, Alain Minc a su tirer partie de ses relations et a joué un rôle de recruteur, notamment dans les milieux patronaux.
Le président de la Fondation, Roger Fauroux, est une personnalité au centre de réseaux multiples et étendus. Il est d’abord considéré comme un patron, il fut le Pdg de Saint-Gobain où il repéra son ami Alain Minc. Politiquement, il appartient à la « nouvelle gauche » incarnée par Raymond Barre et Michel Rocard. Ce dernier le désigna, dans son gouvernement, ministre de l’industrie. Il fut directeur de l’ENA. Il conseilla le Cardinal Lustiger et fit ainsi réaliser à l’Église catholique des profits spéculatifs inespérés. Patron ultra-catholique, Roger Fauroux a assuré une partie conséquente du financement de la Fondation en mettant à contribution des entreprises comme Saint-Gobain ou MK2 Production.
La convergence des intellectuels et des patrons
La Fondation Saint-Simon revendique son rôle de liaison entre les intellectuels de la « deuxième gauche » et les patrons de nombreuses entreprises publiques et privées. Cette vocation se traduit par la présence de François Furet et Pierre Rosanvallon au conseil d’administration de Saint-Gobain. Une telle alliance entre les technocrates de la fonction publique ou de l’entreprise et les élites culturelles donne une forme nouvelle au « rêve politique » de la « Troisième voie » incarnée dans les années 60 par le club Jean Moulin [15].
Les saint-simoniens sont des hauts fonctionnaires de la planification (Pierre-Yves Cossé, commissaire général au Plan), des journalistes médiatiques (Françoise Giroud de L’Express, Jean Daniel et Jacques Julliard du Nouvel observateur, Franz-Olivier Giesbert du Figaro, Serge July et Laurent Joffrin de Libération), des stars de la télévision (Anne Sinclair, Christine Ockrent), des philosophes (Alain Finkielkraut, Edgar Morin, Luc Ferry), des patrons d’entreprise et des banquiers (Francis Mer, directeur général d’Usinor, Jean-Claude Trichet, gouverneur de la banque de France), des éditeurs (Pierre Nora des éditions Gallimard, Yves Sabouret d’Hachette) et bien sûr des politiques (Martine Aubry, Robert Badinter, Jean-Paul Huchon, Bernard Kouchner), etc.
Jouant sur la connivence des élites, les membres de la Fondation Saint-Simon sont en mesure d’échanger des services symboliques et matériels. Les patrons viennent discuter avec les philosophes en vogue et financent les activités de la Fondation, dont les fonds sont exclusivement privés. Les membres donnent une cotisation symbolique (500 francs en 1997) ; la Caisse des dépôts, Suez, Publicis, la SEMA, le Crédit local de France, la banque Wormser, Saint-Gobain, BSN Gervais-Danone, MK2 productions, Cap Gemini Sogeti [16] financent les déjeuners et publications de la Fondation Saint-Simon (soit un budget de 2 500 000 francs).
La collaboration financière entre les entreprises et les intellectuels permet à Pierre Rosanvallon, proche de Jean Peyrelevade (un des auteurs des notes vertes de la Fondation avec d’autres patrons comme Raymond Lévy, Jean-Louis Beffa, Michel Bon), de créer La République des idées grâce aux contacts auprès de grandes entreprises comme Lafarge, Altadis, les AGF, EDF, Air France.
La face cachée de la Fondation Saint-Simon
En réalité, dès sa création et probablement à l’insu de la plupart de ses membres, la Fondation Saint-Simon est organiquement articulée aux réseaux atlantistes. Elle adhère en effet à un réseau de fondations animé par la CIA, puis indirectement par la National Endowment for Democracy : le Club de La Haye.
En 1964, la Fondation Ford, jouant le rôle de bras philanthropique de la CIA, avait organisé à Berlin un symposium en vue de la création en Europe de fondations à l’américaine. Quatre conférences internationales plus tard, les premières fondations européennes furent invitées, en 1969, à un séminaire de travail, sous les auspices des fondations Ford et Rockfeller, à la villa Serbeloni de Bellagio (Italie), à l’issue duquel fut créé un groupe de contact permanent, le Club de La Haye.
Depuis lors, le Club organise plusieurs rencontres annuelles. La première est consacrée à la recherche de financement et les suivantes à l’étude d’un ou deux thèmes de propagande qu’il appartiendra à chaque fondation membre de populariser dans son pays.
En 1982, la Fondation Saint-Simon à peine créée, reçoit le Club de La Haye à Paris. Deux thèmes sont abordés : le chômage et la société multiculturelle. Les réunions suivantes auront pour objet : le sens du travail (Bunnik, 1983) ; favoriser l’excellence à l’université (Londres, 1983) ; l’émergence de la société multiculturelle en Europe (Bruxelles, 1984) ; l’excellence contre l’égalitarisme dans les sociétés multiculturelles (Jérusalem, 1986) ; les implications de la croissance de la population mondiale (Athènes, 1991) ; la société civile (Séville, 1992) ; le financement de l’enseignement supérieure et de la recherche (Londres 1993) ; etc. On devine là la matrice de la rhétorique saint-simonienne où la société multiculturelle se substitue à la laïcité et où l’équité remplace l’égalité, pour ne citer que quelques exemples.
À chaque rencontre du Club de La Haye, les fondations membres envoient un délégué. La Fondation Saint-Simon est représentée, généralement par son secrétaire général, Pierre Rosanvallon. En outre, deux personnalités « extérieures » participent aux débats : James A. Joseph, président du Conseil des fondations des États-Unis et administrateur de la National Endowment for Democracy, et Yehuda Elkana, représentant George Soros.
Les grèves de 1995 : le moment de vérité
L’accès aux médias, presse écrite et audiovisuelle, constitue une autre facette du pouvoir des saint-simoniens. Après l’échec de la candidature d’Édouard Balladur à la présidence de la République, les grèves de 1995 posent à ce titre un véritable défi pour la Fondation Saint-Simon qui devient l’instrument de communication de la CFDT [17]. Le projet Juppé de réforme du système des retraites provoque une vague de manifestations ; Nicole Notat, la secrétaire générale du syndicat, décide d’appuyer le projet en apportant quelques critiques (projet Notat). Afin de soutenir la stratégie de la CFDT, des intellectuels répondent à l’appel des deux principaux animateurs d’Esprit, Joël Roman et Olivier Mongin, qui lancent une pétition pour soutenir les propositions Notat [18].
Les membres d’Esprit contactent la Fondation Saint-Simon dont les principaux théoriciens considèrent globalement que la réforme Juppé est une « révolution » (Alain Minc) indispensable. Pierre Rosanvallon et Alain Minc mettent en place un plan de soutien médiatique des propositions Notat. La CFDT, dans ce dispositif, défend ses positions en mobilisant les intellectuels du syndicat dispersés, notamment, dans le réseau Esprit et dans le groupe des saint-simoniens. Les relais médiatiques sont, grâce à la Fondation, assurés [19].
Malgré ce plan d’action, qui présuppose des capitaux relationnels importants, les défenseurs de Notat, qui signent l’appel Réforme, se heurtent au mouvement, lancé par Pierre Bourdieu, de soutien aux grévistes. Le sociologue multiplie les initiatives (pétitions, soutien public aux grévistes de la gare de Lyon...) afin de rallier les opposants au projet Juppé. Sur les plateaux de télévision, où Alain Touraine fait office de porte-parole des partisans de la réforme, certains n’hésitent pas à pointer du doigt la Fondation Saint-Simon.
Alain Touraine, normalien, débute sa carrière, après un passage à Harvard, en tant que « sociologue de gauche » en étudiant le travail des ouvriers des usines Renault. Ami et « rival » de Michel Crozier avec qui il crée la revue Sociologie du travail en 1959, Alain Touraine constitue un cas exemplaire d’intellectuel de la « Troisième voie » de gauche mais engagé sans nuance contre le communisme. Il est proche des planificateurs qui financent ses recherches par l’intermédiaire de l’Institut des sciences sociales du travail (ISST). Intellectuel engagé, il soutient le mouvement des étudiants en 1968 à Nanterre. Il est pourtant remercié l’année suivante au même titre que Michel Crozier qui, dans la lignée du maître Aron, s’est opposé sans nuance au « désordre » causée par la contestation. Durant les grèves de 1995, Alain Touraine est désigné officieusement porte-parole de la Fondation Saint-Simon. Ses contacts dans les médias lui permettent d’être l’invité omniprésent des débats politiques.
Le plan de manipulation médiatique imaginé par Pierre Rosanvallon aboutit à un double échec qui va justifier la dissolution du groupe des saint-simoniens : d’une part, les réformes prônées par Juppé et Notat sont bloquées, ce qui constitue une défaite des cadres intellectuels de la CFDT, et d’autre part, la Fondation, en mobilisant ses troupes sur le champ médiatique, a perdu son anonymat.
La dissolution du « temple de la pensée unique »
Désignée comme le « temple de la pensée unique », la Fondation Saint-Simon est la cible de nombreuses critiques. Dès 1992, Régis Debray réunit les opposants à Balladur en créant le club Phare & Balises. Avec Emmanuel Todd et Alexandre Adler, il attire des chevènementistes et des chiraquiens. L’expérience se renouvelle par l’intermédiaire de la Fondation Marc Bloch qui deviendra la Fondation du 2 Mars (Philippe Cohen, journaliste à Marianne, Régis Debray, Pierre-André Taguieff...). En 1996, un « appel pour sortir de la pensée unique » rassemble des opposants à la Fondation Saint-Simon. Concrétisant cette alliance des membres d’ATTAC, d’AC !, des universitaires syndiqués (CGT, FSU) créent, en 1999, aux côtés de l’historien Jacques Kergoat, le club Copernic.
La Fondation Saint-Simon, devenue trop visible, est dissoute en 1999 [20]. Certains saint-simoniens entrent dans le club En temps réel fondé par Zaki Laïdi et dirigé par Gilles Margerie (Directeur général adjoint du Crédit agricole) ; d’autres se tournent vers des clubs de réflexion réservés aux patrons, comme L’Institut de l’entreprise présidé par Michel Bon. La plupart des intellectuels de la Fondation intègrent La République des idées de Rosanvallon.
La permanence des réseaux saint-simoniens
En France, la Fondation Saint-Simon a permis la construction d’un réseau durable de relations et de soutien mutuel entre des élites culturelles, politiques et économiques. L’échec du soutien à la candidature Balladur à l’élection présidentielle de 1995 n’a pas pour autant disqualifié les membres de la Fondation comme le démontre la composition du gouvernement Raffarin dans lequel on trouve le philosophe Luc Ferry et le patron Francis Mer [21].
D’un point de vue diplomatique, la Fondation Saint-Simon, dans le sillage du Congrès pour la liberté de la culture, a permis de coordonner, pendant près de vingt ans, l’action des réseaux pro-états-uniens en France. L’ancrage néo-conservateur explique les orientations anti-communistes du début de la Fondation, au moment où l’administration Reagan redéfinit la politique étrangère des États-Unis, et les prises de positions libérales défendues après la chute de l’Union soviétique, notamment durant les évènements sociaux de 1995.
Il est éventuellement légitime pour des responsables politiques et des intellectuels d’avoir choisi, au cours de la Guerre froide, de se joindre au camp atlantiste contre le totalitarisme stalinien. Mais cet engagement change de sens après l’effondrement de l’Union soviétique. Il appartient à ceux qui ont prolongé ce compagnonnage d’expliquer aujourd’hui le sens de leur choix.
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En réalité, dès sa création et probablement à l’insu de la plupart de ses membres, la Fondation Saint-Simon est organiquement articulée aux réseaux atlantistes. Elle adhère en effet à un réseau de fondations animé par la CIA, puis indirectement par la National Endowment for Democracy : le Club de La... View More
Henry Hermand, l’un des principaux créateurs de la Fondation Saint-Simon, a parrainé la carrière d’Emmanuel Macron. Il fut son témoin, lors de son mariage en 2007. Il le fit entrer en 2012 à l’Élysée et créa son parti politique à l’Institut Montaigne, en 2016.
Il est impossible de comprendre la soudaine apparition sur la scène politique partisane d’Emmanuel Macron sans connaître les tentatives qui l’a précédée, celles de Jacques Delors et de Dominique Strauss-Kahn. Mais pour comprendre qui se tient dans les coulisses, un retour en arrière est nécessaire.
1982 : la Fondation Saint-Simon
Des universitaires et des directeurs de grandes entreprises françaises décidèrent, en 1982, de créer une association afin de favoriser « la rencontre entre les chercheurs en sciences sociales et les acteurs de la vie économique et sociale, [et] de diffuser auprès du public les connaissances produites par les sciences humaines et sociales ». Ce fut la Fondation Saint-Simon [1].
Durant près de vingt ans, cet organisme imposa le point de vue de Washington en France, créant ce que ses détracteurs appelèrent « la pensée unique ». La Fondation décida de se dissoudre, en 1999, après les grèves de 1995 et l’échec de la réforme du système de retraite.
La Fondation organisa 70 séminaires annuels auxquels participèrent chaque fois une quarantaine de personnes. Elle publia 110 Notes mensuelles et une quarantaine de livre. Enfin, plus discrètement, elle organisa un dîner mensuel réunissant des universitaires, des chefs d’entreprises du CAC40, et les principaux patrons de presse du pays.
Durant ces dîners, non seulement les points de vue se rapprochèrent, mais les patrons de presse décidèrent des sujets qu’ils aborderaient et la manière dont ils les traiteraient. Progressivement, le pluralisme de la presse s’effaça devant le « devoir d’informer », puis devant le « pouvoir de former » les esprits.
La Fondation avait été créée par d’un côté l’historien François Furet et le sociologue Pierre Rosanvallon, de l’autre le lobbyiste Alain Minc, l’industriel Roger Fauroux, le banquier Jean Peyrelevade, et enfin l’éditeur Yves Sabouret et l’intellectuel Jean-Claude Casanova. Son financement avait été imaginé par Henry Hermand, une éminence grise de la gauche non-communiste.
Toutes ces personnalités étaient alors connues pour leurs liens avec un puissant groupuscule états-unien : les néo-conservateurs. Ces intellectuels trotskistes venaient de rejoindre le président républicain Ronald Reagan. Dépassant les concepts de « droite » et de « gauche », ils affirmaient combattre le stalinisme et vouloir « démocratiser » le monde par tous les moyens. Ils ne cachaient pas leur admiration pour le philosophe Leo Strauss, théoricien d’une dictature globale éclairée. Certains d’entre eux, créèrent la National Endowment for Democracy (NED) et le United States Institute of Peace. Malgré les apparences, ces deux fondations ont été conçues comme des instruments au service des « Cinq yeux », c’est-à-dire de l’accord entre les services secrets de l’Australie, du Canada, des États-Unis, de la Nouvelle-Zélande et du Royaume-Uni.
Au départ, la Fondation Saint-Simon bénéficia de subventions de la John M. Olin Foundation, qui avait invité François Furet à enseigner à Chicago. Cet organisme états-unien, marqué très à droite, avait déjà financé les trotskistes néo-conservateurs. Rapidement, la Fondation Saint-Simon adhéra à The Hague Club (le Club de La Haye), une supra-structure de la Fondation Rockefeller chargée de financer une trentaine d’associations européennes atlantistes avec des Fonds de la CIA, puis de la NED.
C’est donc avec l’argent des services secrets états-uniens que furent organisés les dîners mensuels rassemblant des universitaires de renom et les patrons du CAC40 autour des directeurs d’Études, d’Esprit, d’Europe 1, de L’Expansion, de L’Express, du Figaro, de Libération, du Matin de Paris, du Monde, de M6, du Nouvel Observateur, de RTL et des journalistes stars d’Antenne2 et de TF1.
Dans les années 90, lorsque le sociologue britannique Anthony Giddens lança la « Troisième voie » pour adapter la rhétorique socialiste à l’économie de marché, la Fondation Saint-Simon célèbra avec enthousiasme ce tour de passe-passe porté par Bill Clinton et de Tony Blair.
Anne Sinclair, journaliste vedette de TF1 et membre de la Fondation Saint-Simon, et son ami Jacques Delors, candidat officiel de la Fondation à la présidence de la République.
1993 : l’opération Jacques Delors & Martine Aubry
En 1993, les membres de la Fondation Saint-Simon décidèrent de lancer leur propre candidat à la présidence de la République : le président de la Commission européenne, Jacques Delors. Simultanément, ils préparèrent la montée en puissance de la fille de leur candidat, la ministre du Travail Martine Aubry, destinée à devenir sa Première ministre.
Jacques Delors, alors socialiste, avait débuté sa carrière politique à droite, au cabinet de Jacques Chaban-Delmas. Martine Aubry, alors socialiste, avait débuté comme responsable des relations publiques du groupe Pechiney, dont le directeur Jean Gandois deviendra « le patron des patrons ».
Tandis que les organes de presse dont les directeurs étaient membres de la Fondation commençaient à tresser les louanges de Jacques Delors et de sa fille, le trésorier de la Fondation, Alain Minc, créa dans les locaux de la Fondation deux organisations distinctes :
l’Association nationale des entreprises pour l’insertion (ANEI), afin d’impliquer de grandes entreprises dans la campagne électorale de Delors.
l’Association des amis de la Fondation Agir contre l’exclusion (FACE), pour financer l’ascension d’Aubry.
Après l’échec de François Bayrou au congrès des Démocrates sociaux (CDS), Jacques Delors prit acte de l’impossibilité de créer une nouvelle majorité rassemblant les socialistes et les centristes. Il renonça donc à se présenter à l’élection présidentielle. L’ANEI fut dissoute et ses actifs furent transférés à la FACE.
Le programme politique de la Fondation Saint-Simon et des Delors père et fille était de faire de la France le pilier de l’Union européenne. Il prévoyait de faire de la France le « hub » européen en y développant les transports routiers transversaux et de fonder l’économie sur un accroissement de la main d’œuvre. Il convenait donc de maintenir les femmes au travail et d’augmenter l’immigration. Dans la période transitoire, afin de contenir le chômage, il faudrait diminuer le temps de travail.
Ce programme a été partiellement appliqué, par la suite, avec le gouvernement Jospin, bien qu’alors la conjoncture internationale eut changée. En 1998 et 2000, la France adopta les 35 heures, cette fois contre l’avis du patronat qui les soutenait en 1993-95, et augmenta l’immigration du travail. Le résultat fut inverse à celui imaginé en 1993 : le chômage crût inexorablement. Le maintien des femmes au travail posa de nouveaux problèmes en termes de crèches, de temps de travail des enfants à l’école, et finalement de baisse du niveau des élèves. Dans ce contexte, la présence massive d’immigrés déstabilisa l’ensemble du système social.
1995 : l’opération Juppé-Notat de réforme des retraites
Le projet de loi du Premier ministre Alain Juppé (droite) sur la réforme des retraites fut soutenu par la revue Esprit et le syndicat CFDT (gauche) ; le tout coordonné par la Fondation.
C’est durant cette campagne que le sociologue Alain Touraine émergea comme porte-parole des Saint-Simoniens.
Cependant, face aux gigantesques grèves de décembre 95, le projet de loi dû être retiré. Victime de son échec, la Fondation Saint-Simon ne tarda pas à se dissoudre.
2000 : l’Institut Montaigne
En 2000, le groupe d’assurances AXA créé un nouveau think-tank, l’Institut Montaigne. Bientôt, il publie un ouvrage collectif d’universitaires et de chefs d’entreprise, Le Courage de réformer. Puis il prend le journaliste Philippe Manière comme directeur. Celui-ci a été formé par la Fondation Rockefeller au Centre Bellagio qui abrite The Hague Club.
L’Institut Montaigne milite pour des réformes économiques et sociales en tous points identiques à celles que la Fondation Saint-Simon entendait réaliser. En 2004, il rédige la Charte de la diversité en entreprise, immédiatement soutenue par la FACE et aujourd’hui adoptée par de nombreux groupes. En 2012, il publie un second livre collectif, Réformer par temps de crise. Après le retrait de Claude Bébéar de la direction d’AXA, son successeur à la tête de l’entreprise, Henri de Castries, en devient président.
Anne Sinclair toujours, mais cette fois avec son époux, Dominique Strauss-Kahn, candidat officieux de Terra Nova à la présidence de la République.
2008 : Terra Nova
En 2008, un collaborateur de Dominique Strauss-Kahn, Olivier Ferrand, créé l’association Terra Nova, dans des locaux prêtés par Henry Hermand. Ce nouveau think tank vise à faire entrer la modernité états-unienne dans la vie économique, sociale et politique de la France. Il fonctionne sur le modèle du Progressive Policy Institute créé par Bill Clinton et le sénateur pro-israélien Joseph I. Lieberman.
Comme la Fondation Saint-Simon avec le Crédit Lyonnais, Terra Nova entretient d’étroites relations avec des banques, principalement avec Rothschild & Cie.
En 2011, Terra Nova organisa la première primaire du Parti socialiste avec l’aide de la National Endowment for Democracy qui envoya pour cela à Paris son spécialiste, Tom McMahon. L’idée était de faire adopter par d’autres partis que les socialistes un candidat unique, Dominique Strauss-Kahn, de sorte qu’il soit en mesure de passer le premier tour de l’élection présidentielle et de l’emporter. Directeur du Fonds monétaire international, « DSK » devait faire entrer les Français dans la globalisation.
Malheureusement, il fut arrêté aux États-Unis peu avant la primaire dans laquelle il fut remplacé par Martine Aubry. La fille de Jacques Delors passa le premier tour, mais fut éliminée au second par François Hollande.
À la mort d’Olivier Ferrand, le secrétaire général de la CFDT, François Chérèque, lui succéda à la présidence de Terra Nova.
Mieux que Bill Clinton et Tony Blair : Emmanuel Macron, le gendre idéal.
2016 : l’opération Emmanuel Macron
Ce long préambule permet de comprendre le lancement de l’opération Emmanuel Macron.
À sa sortie de l’ENA, Emmanuel Macron a débuté, en 2004, au sein du cabinet de Jean-Pierre Jouyet. Ce dernier est un ancien collaborateur de Roger Fauroux (le président de la Fondation Saint-Simon) et de Jacques Delors (le candidat présidentiel de la Fondation). Par la suite Jouyet est devenu ministre de Nicolas Sarkozy (droite) puis secrétaire général de l’Élysée de François Hollande (gauche).
Emmanuel Macron fait alors un détour par la banque Rothschild & Cie. Puis entre à l’Élysée comme adjoint de Jean-Pierre Jouyet. À cette fonction, il remplace un autre associé-gérant de Rothschild & Cie, François Pérol.
En 2006, Emmanuel Macron rejoint le Parti socialiste et la Fondation Jean-Jaurès, dont une partie du financement est assurée par les trotskistes néo-conservateurs de la National Endowment for Democracy (NED). En 2007, il rejoint Les Gracques, un groupe d’anciens patrons et de hauts fonctionnaires, dont Jean-Pierre Jouyet est l’animateur. Cette association tente d’organiser une alliance entre le Parti socialiste et les centristes.
En 2012, Emmanuel Macron devient Young leader de la French-American Foundation [2], dont Philippe Manière (le directeur de l’Institut Montaigne) et Alain Minc (le trésorier de la Fondation Saint-Simon) sont administrateurs. C’est sur recommandation du même Alain Minc, qu’Emmanuel Macron devient Research Fellow à la London School of Economics, lorsqu’il quitte l’Élysée, en 2014.
En mai-juin 2014, Emmanuel Macron est invité à la réunion annuelle du Groupe de Bilderberg. L’ordre du jour prévoyait aussi bien la question de l’échange interétatique de Renseignement que l’architecture du Moyen-Orient post-Printemps arabes. Cette institution a été crée en marge de l’Otan qui en assure directement la sécurité, quel que soit le pays où elle se réunit. Son président actuel est le Français Henri de Castries, Pdg d’AXA et président de l’Institut Montaigne.
En 2016, dans les locaux de l’Institut Montaigne, Emmanuel Macron créé son propre parti, En Marche !, avec l’aide d’Henry Hermand (un des principaux mécènes de la Fondation Saint-Simon, puis de Terra Nova) [3]. Après s’être largement expliqué sur les plateaux de télévision, l’homme décéde en novembre 2016, à 92 ans. L’originalité de ce parti est que, durant ses huit premiers mois, il n’aura pas ni programme, ni proposition, juste un candidat à la présidentielle. Cela ne l’empêchera pas d’être rejoint par toutes sortes de personnalités politiques qui n’eurent pas besoin qu’on leur précise ce qu’elles savaient déjà : le programme de Macron, c’est celui de Delors et de Strauss-Kahn.
Si la candidature de Jacques Delors visait à faire de la France le pilier de l’Union européenne, celle d’Emmanuel Macron comme celle de Dominique Strauss-Kahn entend faire entrer les électeurs (on n’ose plus dire les « Français ») dans la globalisation. Le soutien apporté par les médias est beaucoup plus facile que deux décennies auparavant car ils se sont concentrés et que les six principaux patrons de presse sont favorables à la globalisation.
Macron étant candidat à la présidentielle, Aubry renonce cette fois à se présenter à la primaire socialiste. En février 2017, François Bayrou, qui n’avait pu emmener les Démocrates-sociaux à soutenir Jacques Delors, apporte son soutien à Emmanuel Macron.
C’est ainsi que l’on fait du neuf avec du vieux. Chaque année les Français célèbrent dans la fête le « beaujolais nouveau », puis ils retournent à leurs occupations. Car, à la différence de la « France éternelle » de De Gaulle, cette aimable piquette ne se conserve pas.
Additif
Sur cette photo de l’équipe de campagne de Dominique Strauss-Kahn en novembre 2006, on reconnaît plusieurs membres de l’équipe d’Emmanuel Macron en 2017.
Source : Le Journal du Dimanche du 2 juillet 2017.
Macron et le retour de Saint-Simon, par Jacques Julliard, Le Figaro, 3 juillet 2017
Dans une tribune publiée , le 3 juillet 2017 par Le Figaro, un ancien de la Fondation Saint-Simon, Jacques Julliard, établit un parallèle entre Emmanuel Macron et le comte de Saint-Simon.
Le Parisien du 9 octobre 2017 révèle que DSK conseillait Emmanuel Macron durant sa campagne électorale.
Le Parisien du 9 octobre 2017 confirme la filiation entre Dominique Strauss-Kahn et Emmanuel Macron.
Thierry Mey
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Nicolas Sarkozy doit être jugé à son action et non pas d’après sa personnalité. Mais lorsque son action surprend jusqu’à ses propres électeurs, il est légitime de se pencher en détail sur sa biographie et de s’interroger sur les alliances qui l’ont conduit au pouvoir. Thierry Meyssan a décidé d’écrire la vérité sur les origines du président de la République française. Toutes les informations contenues dans cet article sont vérifiables, à l’exception de deux imputations, signalées par l’auteur qui en assume seul la responsabilité.
Les Français, lassés des trop longues présidences de François Mitterrand et de Jacques Chirac, ont élu Nicolas Sarkozy en comptant sur son énergie pour revitaliser leur pays. Ils espéraient une rupture avec des années d’immobilisme et des idéologies surannées. Ils ont eu une rupture avec les principes qui fondent la nation française. Ils ont été stupéfaits par cet « hyper-président », se saisissant chaque jour d’un nouveau dossier, aspirant à lui la droite et la gauche, bousculant tous les repères jusqu’à créer une complète confusion.
Comme des enfants qui viennent de faire une grosse bêtise, les Français sont trop occupés à se trouver des excuses pour admettre l’ampleur des dégâts et leur naïveté. Ils refusent d’autant plus de voir qui est vraiment Nicolas Sarkozy, qu’ils auraient dû s’en rendre compte depuis longtemps.
C’est que l’homme est habile. Comme un illusionniste, il a détourné leur attention en offrant sa vie privée en spectacle et en posant dans les magazines people, jusqu’à leur faire oublier son parcours politique.
Que l’on comprenne bien le sens de cet article : il ne s’agit pas de reprocher à M. Sarkozy ses liens familiaux, amicaux et professionnels, mais de lui reprocher d’avoir caché ses attaches aux Français qui ont cru, à tort, élire un homme libre.
Pour comprendre comment un homme en qui tous s’accordent aujourd’hui à voir l’agent des États-Unis et d’Israël a pu devenir le chef du parti gaulliste, puis le président de la République française, il nous faut revenir en arrière. Très en arrière. Il nous faut emprunter une longue digression au cours de laquelle nous présenterons les protagonistes qui trouvent aujourd’hui leur revanche.
Secrets de famille
À la fin de la Seconde Guerre mondiale, les services secrets états-uniens s’appuient sur le parrain italo-US Lucky Luciano pour contrôler la sécurité des ports américains et pour préparer le débarquement allié en Sicile. Les contacts de Luciano avec les services US passent notamment par Frank Wisner Sr. puis, lorsque le « parrain » est libéré et s’exile en Italie, par son « ambassadeur » corse, Étienne Léandri.
En 1958, les États-Unis, inquiets d’une possible victoire du FLN en Algérie qui ouvrirait l’Afrique du Nord à l’influence soviétique, décident de susciter un coup d’État militaire en France. L’opération est organisée conjointement par la Direction de la planification de la CIA —théoriquement dirigée par Frank Wisner Sr.— et par l’OTAN. Mais Wisner a déjà sombré dans la démence de sorte que c’est son successeur, Allan Dulles, qui supervise le coup. Depuis Alger, des généraux français créent un Comité de salut public qui exerce une pression sur le pouvoir civil parisien et le contraint à voter les pleins pouvoirs au général De Gaulle sans avoir besoin de recourir la force [1].
Or, Charles De Gaulle n’est pas le pion que les Anglo-Saxons croient pouvoir manipuler. Dans un premier temps, il tente de sortir de la contradiction coloniale en accordant une large autonomie aux territoires d’outre-mer au sein d’une Union française. Mais il est déjà trop tard pour sauver l’Empire français car les peuples colonisés ne croient plus aux promesses de la métropole et exigent leur indépendance. Après avoir conduit victorieusement de féroces campagnes de répression contre les indépendantistes, De Gaulle se rend à l’évidence. Faisant preuve d’une rare sagesse politique, il décide d’accorder à chaque colonie son indépendance.
Cette volte-face est vécue comme une trahison par la plupart de ceux qui l’ont porté au pouvoir. La CIA et l’OTAN soutiennent alors toutes sortes de complots pour l’éliminer, dont un putsch manqué et une quarantaine de tentatives d’assassinat [2]. Toutefois, certains de ses partisans approuvent son évolution politique. Autour de Charles Pasqua, ils créent le SAC, une milice pour le protéger.
Pasqua est à la fois un truand corse et un ancien résistant. Il a épousé la fille d’un bootlegger canadien qui fit fortune durant la prohibition. Il dirige la société Ricard qui, après avoir commercialisé de l’absinthe, un alcool prohibé, se respectabilise en vendant de l’anisette. Cependant, la société continue à servir de couverture pour toutes sortes de trafics en relation avec la famille italo-new-yorkaise des Genovese, celle de Lucky Luciano. Il n’est donc pas étonnant que Pasqua fasse appel à Étienne Léandri (« l’ambassadeur » de Luciano) pour recruter des gros bras et constituer la milice gaulliste [3]. Un troisième homme joue un grand rôle dans la formation du SAC, l’ancien garde du corps de De Gaulle, Achille Peretti —un Corse lui aussi—.
Ainsi défendu, De Gaulle dessine avec panache une politique d’indépendance nationale. Tout en affirmant son appartenance au camp atlantique, il remet en cause le leadership anglo-saxon. Il s’oppose à l’entrée du Royaume-Uni dans le Marché commun européen (1961 et 1967) ; Il refuse le déploiement des casques de l’ONU au Congo (1961) ; il encourage les États latino-américains à s’affranchir de l’impérialisme US (discours de Mexico, 1964) ; Il expulse l’OTAN de France et se retire du Commandement intégré de l’Alliance atlantique (1966) ; Il dénonce la Guerre du Viêt-nam (discours de Phnon Penh, 1966) ; Il condamne l’expansionnisme israélien lors de la Guerre des Six jours (1967) ; Il soutient l’indépendance du Québec (discours de Montréal 1967) ; etc.
Simultanément, De Gaulle consolide la puissance de la France en la dotant d’un complexe militaro-industriel incluant la force de dissuasion nucléaire, et en garantissant son approvisionnement énergétique. Il éloigne utilement les encombrants Corses de son entourage en leur confiant des missions à étranger. Ainsi Étienne Léandri devient-il le trader du groupe Elf (aujourd’hui Total) [4], tandis que Charles Pasqua devient l’homme de confiance des chefs d’États d’Afrique francophone.
Conscient qu’il ne peut défier les Anglo-Saxons sur tous les terrains à la fois, De Gaulle s’allie à la famille Rothschild. Il choisit comme Premier ministre un de ses anciens collaborateurs devenu fondé de pouvoir de la Banque, Georges Pompidou. Les deux hommes forment un tandem efficace. L’audace politique du premier ne perd jamais de vue le réalisme économique du second.
Lorsque De Gaulle démissionne, en 1969, Georges Pompidou lui succède brièvement à la présidence avant d’être emporté par un cancer. Les gaullistes historiques n’admettent pas son leadership et s’inquiètent de son tropisme anglophile. Ils hurlent à la trahison lorsque Pompidou, secondé par le secrétaire général de l’Élysée Edouard Balladur, fait entrer « la perfide Albion » dans le Marché commun européen.
La fabrication de Nicolas Sarkozy
Ce décor étant planté, revenons-en à notre personnage principal, Nicolas Sarkozy. Né en 1955, il est le fils d’un noble catholique hongrois, Pal Sarkösy de Nagy-Bocsa, réfugié en France après avoir fuit l’Armée rouge, et d’Andrée Mallah, une roturière juive originaire de Thessalonique. Après avoir eu trois enfants (Guillaume, Nicolas et François), le couple divorce. Pal Sarkosy de Nagy-Bocsa se remarie avec une aristocrate, Christine de Ganay, dont il aura deux enfants (Pierre-Olivier et Caroline). Nicolas ne sera pas élevé par ses seuls parents, mais balloté dans cette famille recomposée.
Sa mère est devenue la secrétaire d’Achille Peretti. Après avoir co-fondé le SAC, le garde du corps de De Gaulle avait poursuivi une brillante carrière politique. Il avait été élu député et maire de Neuilly-sur-Seine, la plus riche banlieue résidentielle de la capitale, puis président de l’Assemblée nationale.
Malheureusement, en 1972, Achille Peretti est gravement mis en cause. Aux États-Unis, le magazine Time révèle l’existence d’une organisation criminelle secrète « l’Union corse » qui contrôlerait une grande partie du trafic de stupéfiants entre l’Europe et l’Amérique, la fameuse « French connexion » qu’Hollywwod devait porter à l’écran. S’appuyant sur des auditions parlementaires et sur ses propres investigations, Time cite le nom d’un chef mafieux, Jean Venturi, arrêté quelques années plus tôt au Canada, et qui n’est autre que le délégué commercial de Charles Pasqua pour la société d’alcool Ricard. On évoque le nom de plusieurs familles qui dirigeraient « l’Union corse », dont les Peretti. Achille nie, mais doit renoncer à la présidence de l’Assemblée nationale et échappe même à un « suicide ».
En 1977, Pal Sarkozy se sépare de sa seconde épouse, Christine de Ganay, laquelle se lie alors avec le n°2 de l’administration centrale du département d’État des États-Unis. Elle l’épouse et s’installe avec lui en Amérique. Le monde étant petit, c’est bien connu, son mari n’est autre que Frank Wisner Jr., fils du précédent. Les fonctions de Junior à la CIA ne sont pas connues, mais il clair qu’il y joue un rôle important. Nicolas, qui reste proche de sa belle-mère, de son demi-frère et de sa demi-sœur, commence à se tourner vers les États-Unis où il « bénéficie » des programmes de formation du département d’État.
À la même période, Nicolas Sarkozy adhère au parti gaulliste. Il y fréquente d’autant plus rapidement Charles Pasqua que celui-ci n’est pas seulement un leader national, mais aussi le responsable de la section départementale des Hauts-de-Seine.
En 1982, Nicolas Sarkozy, ayant terminé ses études de droit et s’étant inscrit au barreau, épouse la nièce d’Achille Peretti. Son témoin de mariage est Charles Pasqua. En tant qu’avocat, Me Sarkozy défend les intérêts des amis corses de ses mentors. Il acquiert une propriété sur l’île de beauté, à Vico, et imagine de corsiser son nom en remplaçant le « y » par un « i » : Sarkozi.
L’année suivante, il est élu maire de Neuilly-sur-Seine en remplacement de son bel-oncle, Achille Peretti, terrassé par une crise cardiaque.
Cependant, Nicolas ne tarde pas à trahir sa femme et, dès 1984, il poursuit une liaison cachée avec Cécilia, l’épouse du plus célèbre animateur de télévision français de l’époque, Jacques Martin, dont il a fait la connaissance en célébrant leur mariage en qualité de maire de Neuilly. Cette double vie dure cinq ans, avant que les amants ne quittent leurs conjoints respectifs pour construire un nouveau foyer.
Nicolas est le témoin de mariage, en 1992, de la fille de Jacques Chirac, Claude, avec un éditorialiste du Figaro. Il ne peut s’empêcher de séduire Claude et de mener une brève relation avec elle, tandis qu’il vit officiellement avec Cécilia. Le mari trompé se suicide en absorbant des drogues. La rupture est brutale et sans retour entre les Chirac et Nicolas Sarkozy.
En 1993, la gauche perd les élections législatives. Le président François Mitterrand refuse de démissionner et entre en cohabitation avec un Premier ministre de droite. Jacques Chirac, qui ambitionne la présidence et pense alors former avec Edouard Balladur un tandem comparable à celui de De Gaulle et Pompidou, refuse d’être à nouveau Premier ministre et laisse la place à son « ami de trente ans », Edouard Balladur. Malgré son passé sulfureux, Charles Pasqua devient ministre de l’Intérieur. S’il conserve la haute main sur la marijuana marocaine, il profite de sa situation pour légaliser ses autres activités en prenant le contrôle des casinos, jeux et courses en Afrique francophone. Il tisse aussi des liens en Arabie saoudite et en Israël et devient officier d’honneur du Mossad. Nicolas Sarkozy, quant à lui, est ministre du Budget et porte-parole du gouvernement.
À Washington, Frank Wisner Jr. a pris la succession de Paul Wolfowitz comme responsable de la planification politique au département de la Défense. Personne ne remarque les liens qui l’unissent au porte-parole du gouvernement français.
C’est alors que reprend au sein du parti gaulliste la tension que l’on avait connu trente ans plus tôt entre les gaullistes historiques et la droite financière, incarnée par Balladur. La nouveauté, c’est que Charles Pasqua et avec lui le jeune Nicolas Sarkozy trahissent Jacques Chirac pour se rapprocher du courant Rothschild. Tout dérape. Le conflit atteindra son apogée en 1995 lorsque Édouard Balladur se présentera contre son ex-ami Jacques Chirac à l’élection présidentielle, et sera battu. Surtout, suivant les instructions de Londres et de Washington, le gouvernement Balladur ouvre les négociations d’adhésion à l’Union européenne et à l’OTAN des États d’Europe centrale et orientale, affranchis de la tutelle soviétique.
Rien ne va plus dans le parti gaulliste où les amis d’hier sont près de s’entre-tuer. Pour financer sa campagne électorale, Edouard Balladur tente de faire main basse sur la caisse noire du parti gaulliste, cachée dans la double comptabilité du pétrolier Elf. À peine le vieux Étienne Léandri mort, les juges perquisitionnent la société et ses dirigeants sont incarcérés. Mais Balladur, Pasqua et Sarkozy ne parviendront jamais à récupérer le magot.
La traversée du désert
Tout au long de son premier mandat, Jacques Chirac tient Nicolas Sarkozy à distance. L’homme se fait discret durant cette longue traversée du désert. Discrètement, il continue à nouer des relations dans les cercles financiers.
En 1996, Nicolas Sarkozy ayant enfin réussi à clore une procédure de divorce qui n’en finissait pas se marie avec Cécilia. Ils ont pour témoins les deux milliardaires Martin Bouygues et Bernard Arnaud (l’homme le plus riche du pays).
Dernier acte
Bien avant la crise irakienne, Frank Wisner Jr. et ses collègues de la CIA planifient la destruction du courant gaulliste et la montée en puissance de Nicolas Sarkozy. Ils agissent en trois temps : d’abord l’élimination de la direction du parti gaulliste et la prise de contrôle de cet appareil, puis l’élimination du principal rival de droite et l’investiture du parti gaulliste à l’élection présidentielle, enfin l’élimination de tout challenger sérieux à gauche de manière à être certain d’emporter l’élection présidentielle.
Pendant des années, les médias sont tenus en haleine par les révélations posthumes d’un promoteur immobilier. Avant de décéder d’une grave maladie, il a enregistré pour une raison jamais élucidée une confession en vidéo. Pour une raison encore plus obscure, la « cassette » échoue dans les mains d’un hiérarque du Parti socialiste, Dominique Strauss-Khan, qui la fait parvenir indirectement à la presse.
Si les aveux du promoteur ne débouchent sur aucune sanction judiciaire, ils ouvrent une boîte de Pandore. La principale victime des affaires successives sera le Premier ministre Alain Juppé. Pour protéger Chirac, il assume seul toutes les infractions pénales. La mise à l’écart de Juppé laisse la voie libre à Nicolas Sarkozy pour prendre la direction du parti gaulliste.
Sarkozy exploite alors sa position pour contraindre Jacques Chirac à le reprendre au gouvernement, malgré leur haine réciproque. Il sera en définitive, ministre de l’Intérieur. Erreur ! À ce poste, il contrôle les préfets et le renseignement intérieur qu’il utilise pour noyauter les grandes administrations.
Il s’occupe aussi des affaires corses. Le préfet Claude Érignac a été assassiné. Bien qu’il n’ait pas été revendiqué, le meurtre a immédiatement été interprété comme un défi lancé par les indépendantistes à la République. Après une longue traque, la police parvient à arrêter un suspect en fuite, Yvan Colonna, fils d’un député socialiste. Faisant fi de la présomption d’innocence, Nicolas Sarkozy annonce cette interpellation en accusant le suspect d’être l’assassin. C’est que la nouvelle est trop belle à deux jours du référendum que le ministre de l’Intérieur organise en Corse pour modifier le statut de l’île. Quoi qu’il en soit, les électeurs rejettent le projet Sarkozy qui, selon certains, favorise les intérêts mafieux.
Bien qu’Yvan Colonna ait ultérieurement été reconnu coupable, il a toujours clamé son innocence et aucune preuve matérielle n’a été trouvée contre lui. Étrangement, l’homme s’est muré dans le silence, préférant être condamné que de révéler ce qu’il sait.
Nous révélons ici que le préfet Érignac n’a pas été tué par des nationalistes, mais abattu par un tueur à gage, immédiatement exfiltré vers l’Angola où il a été engagé à la sécurité du groupe Elf. Le mobile du crime était précisément lié aux fonctions antérieures d’Érignac, responsable des réseaux africains de Charles Pasqua au ministère de la Coopération. Quand à Yvan Colonna, c’est un ami personnel de Nicolas Sarkozy depuis des décennies et leurs enfants se sont fréquentés.
Une nouvelle affaire éclate : de faux listings circulent qui accusent mensongèrement plusieurs personnalités de cacher des comptes bancaires au Luxembourg, chez Clearstream. Parmi les personnalités diffamées : Nicolas Sarkozy. Il porte plainte et sous-entend que son rival de droite à l’élection présidentielle, le Premier ministre Dominique de Villepin, a organisé cette machination. Il ne cache pas son intention de le faire jeter en prison.
En réalité, les faux listings ont été mis en circulation par des membres de la Fondation franco-américaine [5], dont John Negroponte était président et dont Frank Wisner Jr. est administrateur. Ce que les juges ignorent et que nous révélons ici, c’est que les listings ont été fabriqués à Londres par une officine commune de la CIA et du MI6, Hakluyt & Co, dont Frank Wisner Jr. est également administrateur.
Villepin se défend de ce dont on l’accuse, mais il est mis en examen, assigné à résidence et, de facto, écarté provisoirement de la vie politique. La voie est libre à droite pour Nicolas Sarkozy.
Reste à neutraliser les candidatures d’opposition. Les cotisations d’adhésion au parti socialistes sont réduites à un niveau symbolique pour attirer de nouveaux militants. Soudainement des milliers de jeunes prennent leur carte. Parmi eux, au moins dix mille nouveaux adhérents sont en réalité des militants du Parti trotskiste « lambertiste » (du nom de son fondateur Pierre Lambert). Cette petite formation d’extrême gauche s’est historiquement mise au service de la CIA contre les communistes staliniens durant la Guerre froide (Elle est l’équivalent du SD/USA de Max Shatchman, qui a formé les néoconservateurs aux USA [6]). Ce n’est pas la première fois que les « lambertistes » infiltrent le Parti socialiste. Ils y ont notamment placé deux célèbres agents de la CIA : Lionel Jospin (qui est devenu Premier ministre) et Jean-Christophe Cambadélis, le principal conseiller de Dominique Strauss-Kahn [7].
Des primaires sont organisées au sein du Parti socialiste pour désigner son candidat à l’élection présidentielle. Deux personnalités sont en concurrence : Laurent Fabius et Ségolène Royal. Seul le premier représente un danger pour Sarkozy. Dominique Strauss-Kahn entre dans la course avec pour mission d’éliminer Fabius au dernier moment. Ce qu’il sera en mesure de faire grâce aux votes des militants « lambertistes » infiltrés, qui portent leur suffrages non pas sur son nom, mais sur celui de Royal.
L’opération est possible parce que Strauss-Kahn est depuis longtemps sur le payroll des États-Unis. Les Français ignorent qu’il donne des cours à Stanford, où il a été embauché par le prévot de l’université, Condoleezza Rice [8].
Dès sa prise de fonction, Nicolas Sarkozy et Condoleezza Rice remercieront Strauss-Kahn en le faisant élire à la direction du Fonds monétaire international.
Premiers jours à l’Élysée
Le soir du second tour de l’élection présidentielle, lorsque les instituts de sondages annoncent sa victoire probable, Nicolas Sarkozy prononce un bref discours à la nation depuis son QG de campagne. Puis, contrairement à tous les usages, il ne va pas faire la fête avec les militants de son parti, mais il se rend au Fouquet’s. La célèbre brasserie des Champs-Élysées, qui était jadis le rendez-vous de « l’Union corse » est aujourd’hui la propriété du casinotier Dominique Desseigne. Il a été mis à disposition du président élu pour y recevoir ses amis et les principaux donateurs de sa campagne. Une centaine d’invités s’y bousculent, les hommes les plus riches de France y côtoient les patrons de casinos.
Puis le président élu s’offre quelques jours de repos bien mérités. Conduit en Falcon-900 privé à Malte, il s’y repose sur le Paloma, le yacht de 65 mètres de son ami Vincent Bolloré, un milliardaire formé à la Banque Rothschild.
Enfin, Nicolas Sarkozy est investi président de la République française. Le premier décret qu’il signe n’est pas pour proclamer une amnistie, mais pour autoriser les casinos de ses amis Desseigne et Partouche à multiplier les machines à sous.
Il forme son équipe de travail et son gouvernement. Sans surprise, on y retrouve un bien trouble propriétaire de casinos (le ministre de la Jeunesse et des Sports) et le lobbyiste des casinos de l’ami Desseigne (qui devient porte-parole du parti « gaulliste »).
Nicolas Sarkozy s’appuie avant tout sur quatre hommes :
Claude Guéant, secrétaire général du palais de l’Élysée. C’est l’ancien bras droit de Charles Pasqua.
François Pérol, secrétaire général adjoint de l’Élysée. C’est un associé-gérant de la Banque Rothschild.
Jean-David Lévitte, conseiller diplomatique. Fils de l’ancien directeur de l’Agence juive. Ambassadeur de France à l’ONU, il fut relevé de ses fonctions par Chirac qui le jugeait trop proche de George Bush.
Alain Bauer, l’homme de l’ombre. Son nom n’apparaît pas dans les annuaires. Il est chargé des services de renseignement. Ancien Grand-Maître du Grand Orient de France (la principale obédience maçonnique française) et ancien n°2 de la National Security Agency états-unienne en Europe [9].
Frank Wisner Jr., qui a été nommé entre temps envoyé spécial du président Bush pour l’indépendance du Kosovo, insiste pour que Bernard Kouchner soit nommé ministre des Affaires étrangères avec une double mission prioritaire : l’indépendance du Kosovo et la liquidation de la politique arabe de la France.
Kouchner a débuté sa carrière en participant à la création d’une ONG humanitaire. Grâce aux financements de la National Endowment for Democracy, il a participé aux opérations de Zbigniew Brzezinski en Afghanistan, aux côtés d’Oussama Ben Laden et des frères Karzaï contre les Soviétiques. On le retrouve dans les années 90 auprès d’Alija Izetbegoviç en Bosnie-Herzégovine. De 1999 à 2001, il a été Haut représentant de l’ONU au Kosovo.
Sous le contrôle de Wali, le frère cadet du président Hamid Karzaï, l’Afghanistan est devenu le premier producteur mondial de pavot. Le suc est transformé sur place en héroïne et transporté par l’US Air Force à Camp Bondsteed (Kosovo). Là, la drogue est prise en charge par les hommes d’Haçim Thaçi qui l’écoulent principalement en Europe et accessoirement aux États-Unis [10]. Les bénéfices sont utilisés pour financer les opérations illégales de la CIA.
Karzaï et Thaçi sont des amis personnels de longue date de Bernard Kouchner, qui certainement ignore leurs activités criminelles malgré les rapports internationaux qui y ont été consacrés.
Pour compléter son gouvernement, Nicolas Sarkozy nomme Christine Lagarde, ministre de l’Économie et des Finances. Elle a fait toute sa carrière aux États-Unis où elle a dirigé le prestigieux cabinet de juristes Baker & McKenzie. Au sein du Center for International & Strategic Studies de Dick Cheney, elle a co-présidé avec Zbigniew Brzezinski un groupe de travail qui a supervisé les privatisations en Pologne. Elle a organisé un intense lobbying pour le compte de Lockheed Martin contre les l’avionneur français Dassault [11].
Nouvelle escapade durant l’été. Nicolas, Cécilia, leur maîtresse commune et leurs enfants se font offrir des vacances états-uniennes à Wolfenboroo, non loin de la propriété du président Bush. La facture, cette fois, est payée par Robert F. Agostinelli, un banquier d’affaires italo-new-yorkais, sioniste et néo-conservateur pur sucre qui s’exprime dans Commentary, la revue de l’American Jewish Committee.
La réussite de Nicolas rejaillit sur son demi-frère Pierre-Olivier. Sous le nom américanisé « d’Oliver », il est nommé par Frank Carlucci (qui fut le n°2 de la CIA après avoir été recruté par Frank Wisner Sr.) [12] directeur d’un nouveau fonds de placement du Carlyle Group (la société commune de gestion de portefeuille des Bush et des Ben Laden) [13]. Sans qualité personnelle particulière, il est devenu le 5e noueur de deals dans le monde et gère les principaux avoirs des fonds souverains du Koweit et de Singapour.
La cote de popularité du président est en chute libre dans les sondages. L’un de ses conseillers en communication, Jacques Séguéla, préconise de détourner l’attention du public avec de nouvelles « people stories ». L’annonce du divorce avec Cécilia est publiée par Libération, le journal de son ami Edouard de Rothschild, pour couvrir les slogans des manifestants un jour de grève générale. Plus fort encore, le communiquant organise une rencontre avec l’artiste et ex-mannequin, Carla Bruni. Quelques jours plus tard, sa liaison avec le président est officialisée et le battage médiatique couvre à nouveau les critiques politiques. Quelques semaines encore et c’est le troisième mariage de Nicolas. Cette fois, il choisit comme témoins Mathilde Agostinelli (l’épouse de Robert) et Nicolas Bazire, ancien directeur de cabinet d’Edouard Balladur devenu associé-gérant chez Rothschild.
Quand les Français auront-ils des yeux pour voir à qui ils ont affaire ?
Thierry Meyssan
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